Comme des papillons mes mots se posent délicatement sur ma feuille blanche, et s’envolent bientôt pour parfois revenir, à moins que d’autres, déjà, n’aient chipé leurs places. Ils tourbillonnent sans que je puisse toujours m’en saisir. Il me faut beaucoup de patience pour réussir à m’en approcher sans les effrayer car ils savent bien que j’ai ce pouvoir diabolique de leur faire dire ce qu’ils ne veulent pas ! Ils se méfient de mes volubilités, ils envoient tout devant ceux qui n’ont pas froid aux yeux, les plus prudents restent en retrait, j’ai souvent bien du mal à les débusquer… Les timides se cachent entre des parenthèses , les plus hardis sont en première ligne, même si je ne veux pas d’eux, ils s’imposent péremptoires, en écrasant leurs pareils avec un incroyable toupet !

Je ne peux supposer ce qu’ils me réservent quand j’imagine les aligner à ma façon sur le papier ! Ils m’entrainent parfois bien ailleurs que là où je voulais aller ! C’est à celui qui le premier gagnera ma plume, quand, de dépit, tous les autres continueront de plus bel à m’assaillir !

Si je referme mon cahier, quelques uns réussiront à s’en échapper, sans que je réussisse à toujours les retrouver ! Entre mes lignes je leur abandonne quelques points virgules dont je n’use presque jamais, seulement un ou deux points d’interrogation car de ceux là j’ai souvent besoin, des trémas ou des guillemets qui ne me sont que rarement d’utilité, en somme de quoi les rassasier avant que l’envie ne me reprenne de les solliciter. Le froissement d’une page, le cliquetis d’un clavier, les voilà réveillés, bien reposés, aussitôt prêts à s’envoler !

Quand, de loin j’aperçois cette nuée de coléoptères toute en rondeurs et couleurs, je m’empresse d’aller y regarder de plus près, dès qu’elle passe à ma portée, d’un filet je la retiens prisonnière ! Mais juste le temps de lui faire mille promesses et caresses pour l’amadouer !… Semblant convaincue, à son tour elle me fait miroiter chefs-d’œuvre et prodiges en un clin d’œil… Et moi, naïve que je suis, à chaque fois j’y crois, confiante, je retourne le filet et lui redonne sa liberté…

Aussi ne vous étonnez pas de lire d’aussi piètres et besogneuses compositions, de l’amour que je leur voue, éternellement ils se jouent, en un mot comme en cent, « Suis les ils te fuient, fuis les ils te suivent »…

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