Une brise soulève les auvents qui bordent les fenêtres. L’azur s’est blotti derrière d’épais nuages gris, les lampadaires se sont éteints quand le matin s’est levé dans la brume des jours moroses. C’est un peu de la nuit qui s’accroche au jour qui refuse de passer son tour.

L’eau du canal est une onde sombre qui entraine sa mauvaise humeur de rochers en cascades blanches, c’est une pellicule en noir et blanc qui se déroule au fil du courant. Les arbres dénudés frissonnent, ils savent qu’il leur faudra encore attendre pour se revêtir et sentir la douceur des rayons d’avril. Les toits sont toujours luisants de gel, de neige fondue ou de pluie. Les volets tardent à se lever puisque le soleil aussi fait la grasse mâtinée.

La journée sera morne comme un crachin d’automne. Les passants cheminent tête basse encapuchonnée sous leurs parapluies, les chiens pissent incognito sur les trottoirs humides, les oiseaux se taisent, l’heure est au silence détrempé, aux flaques d’encre noire où se mirent les diseuses de bonne aventure. D’humeur maussade, les heures passeront couci-couça, jusqu’à ce qu’à nouveau l’obscurité efface le brouillon de cet aujourd’hui qui fit office d’âme grise.

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