Ton absence encombre mes jours, brise mon cœur, obscurcit mes lendemains. Tu n’es plus là, quand bien même arpenterais-je la terre entière que nulle part ailleurs je ne te retrouverais. Ta mort plus que n’importe quelle autre me laisse orpheline d’un amour que nous aurions aimé conjuguer au futur, quel doux projet que de s’imaginer vieillir ensemble. Le temps n’efface rien, il souligne le chagrin, il l’incruste comme un tatouage s’encre dans la peau.

Assise, somnolente près de toi, nos mains liées toujours, j’entends ton souffle régulier soudain s’éteindre. Une seconde d’éternité où je refuse d’ouvrir les yeux tant le constat sera impitoyable. Rien n’existe pour une seconde encore, de toutes mes forces je te retiens vivant à l’ombre de mes paupières.

Depuis les années s’écoulent sans relief, le chagrin enrobe les jours. La moindre blessure est un bleu de plus infligé à l’âme, où donc es-tu mon ange ? J’ai imaginé confusément mille stratagèmes qui effaceraient cette cruelle injustice, J’ai puisé inlassablement dans l’histoire que nous écrivions à deux mains, mais notre livre reste à jamais ouvert sur cet ultime chapitre inachevé qu’un cœur solitaire ne saurait compléter.

Il arrive parfois qu’une silhouette ravive ma douleur en me confirmant que personne ici bas n’est toi, qu’il est vain d’espérer autre chose que ce manque de toi que rien ni personne ne pourront jamais combler. Avec toi s’en est allée la magie.

Chaque jour pourtant m’apporte de petits bonheurs dont je prends grand soin. Les drames m’ont appris à les savourer, à vivre au présent, de toutes petites choses deviennent précieuses, le temps s’étire, mais les heures sans toi durent si longtemps…

Je souris pourtant en croisant ceux qui sont deux. Savent-ils leur chance ? Pas davantage que je n’en avais conscience, le bonheur est une ivresse qui nous abuse en nous le faisant croire éternel. Je ne peux les envier parce qu’ils sont eux et que nous étions nous.

Je travestis ma tristesse en sourire, la moindre des politesses, à quoi bon la brandir en étendard et ternir le bien-être des autres, elle est tout aussi impuissante à te faire revenir. Toutes les pages ne se tournent pas, il en est qu’un ruban retient, qu’on aime lire et relire, la musique de ses mots est un apaisement. J’ai des moments heureux, mais désormais, ceux là sont aussi en deuil, il se peut qu’au milieu de la foule et des plaisirs la solitude prenne toute la place.

Je traverse le reste de ma vie à l’ombre de la tienne, je sens ta main si près de la mienne, ton souffle encore réchauffe mon cou dans le silence de mes nuits blanches, je sais que tu n’es pas si loin que ça, invisible présence dans cette curieuse solitude emplie de toi. Sans le faire exprès, je t’assure, je vis. Chaque matin m’est un crépuscule, mais il en est de très beaux tu sais, dont les couleurs soyeuses laissent présager de plus doux lendemains. Alors je respire, je respire, je respire, étrangement, je respire encore.

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