Louise aime les nocturnes de Chopin quand la lumière du soleil couchant verse une larme en disparaissant. La musique apaise la nostalgie d’une journée qui s’épuise, ces notes pleines de lenteur et pourtant encore roucoulantes et cristallines habillent d’élégance le soir qui tombe. Louise porte un pyjama de soie, coquette même sous la couette, Louise en apprécie la douce chaleur en posant sur son visage une mijaurée de crème affabulatrice : Louise ne s’en laisse pas conter, elle sait bien qu’au petit matin, toutes ses rides seront encore bien là ! Mais Louise trouve ce moment réconfortant avec ses promesses de lendemains bien repassés…
Louise n’est pas naïve, depuis des lustres ce petit rituel outre lui procurer un bien-être indéniable, lui permet de se coucher sereine. Si Louise sait bien que tout ça est vain, c’est un réel plaisir que de pouvoir faire une grimace, matin et soir, à ses pattes d’oies ! Louise est une rebelle !
Souvent, Louise s’endort un livre à la main. Lire est une excursion, une parenthèse dans son quotidien. Louise, pendant un moment, se faufile dans une histoire autre que la sienne, une indiscrétion que toute lecture autorise, un univers parallèle dont on revient en refermant l’ouvrage, mais dont le souvenir obsédant procure un petit goût de « revenez-y ». Louise a quelques ami(e)s écrivain(e)s pour qui elle a beaucoup d’admiration : cette capacité de lui raconter une histoire en la tenant en haleine… Louise n’a jamais été un modèle de patience, mais ils ont sur elle ce pouvoir inouï de réussir à la faire tenir en place ! Louise a toujours eu la bougeotte.
L’obscurité a maintenant fait son œuvre : Louise ne distingue plus grand chose de son jardin, mais Louise vient de quitter ses lunettes, ce qui pourrait expliquer pas mal de choses ! Avec ces foutues années, Louise est un peu bigleuse ! Ceci dit, pour s’endormir, c’est pratique. Si le sommeil tarde parfois à s’emparer de Louise et de sa journée, derrière ses paupières closes, Louise peut encore voir la douce mouvance de ses souvenirs, Louise ne s’endort jamais sans dire à l’homme de sa vie qu’elle l’aime toujours autant même s’il ne dort plus qu’au plus profond de son coeur depuis bien longtemps. Que voulez-vous ? Louise est amoureuse, et voilà bien quelque chose de précieux dont la vieillesse ne prive pas !
