On laisse tous des chemins derrière soi, des endroits familiers, aimés, comme ce petit bois où désormais je ne laisserai plus l’empreinte de mes pas. J’irai là-bas, dans ce nouveau chez moi, qui devra apprivoiser la nostalgie dont mes souvenirs seront colorés, dans ces murs sans blessure prêts à me dessiner un brin d’avenir.
Le bruissement des feuilles inlassablement murmure. Les platanes des villes ont de ces frémissements évidemment, mais ils racontent d’autres histoires. Chaque jour, quand j’ouvrirai mes fenêtres, la brise qui frise l’eau du canal saura me traduire ce qu’ils voudront bien me confier, car dès mon arrivée j’irai les enlacer.
Mon arbre et ses mouchoirs blancs bercés par le souffle printanier en cette terre restera bien ancré, parfum évanescent de mon amour défunt, veillera t’il à jamais sur le bonheur de la nouvelle maisonnée ? Dans mon coeur je l’emporterai, comme toutes ces années brodées de fils métissés, ailleurs au petit point je dessinerai le crépuscule de mes jours.
La bordure d’un toit, le coucher de l’astre flamboyant sous les branches des mélèzes, les premiers bourgeons des lilas, le chant cristallin de la rivière coulant plus bas, la lézarde qui menace la terrasse, le lierre qui partout s’immisce, autant de sentiers bientôt empruntés par d’autres souliers. De mon balcon j’apercevrai au loin ce plateau virginal où j’aurai passé tant d’années sans jamais imaginer devoir le quitter. La vie est un grand voyage dont nous choisissons les itinéraires selon les embûches et les opportunités qui ne manquent jamais de s’inviter. Comme à chaque carrefour, les paysages changent puis s’effacent, de là-bas je verrai là-haut une tranche de mon passé, il est curieux de constater combien le temps fait bien son œuvre, adoucissant les césures pour proposer d’autres perspectives, qui bientôt me seront évidentes et plus miennes encore que les précédentes.
A mon « Demain »…
Oui, demain est un autre jour !