Louise regarde les nuages.

La vie de Louise n’a pas toujours été ce qu’on appelle « un long fleuve tranquille »… Cependant elle ne lui fut pas aussi cruelle qu’on pourrait se l’imaginer, car Louise fut aimée, par sa famille, par ses amis, et, dans cet amour qui ne lui fut jamais compté elle puisa la force de résister aux chagrins qui ne l’ont pas épargnée.

Louise aime regarder les nuages. Certes, vieillir c’est un peu voir le temps rétrécir devant soi, mais libérée des contingences qui rythment la jeunesse, c’est aussi ne plus gaspiller ces jours précieux qui filent plus vite que le vent, dont les jeunes printemps ne peuvent se saisir tant ils sont occupés à courir toujours plus vite et plus loin.

Avoir du temps… Louise regarde les nuages… Le ciel est un pot de coton qui déborde de son bol de faïence, une vapeur blanche, un remous de volutes gouachées d’où s’échappent par endroits la lumière tenue prisonnière derrière ces remparts nébuleux. Louise y découvre des formes, des visages, l’azur est un artiste qui maitrise l’art du flou, une façon d’en transcrire les vibrations. Les silhouettes, les ombres fantomatiques se dessinent puis se transforment et s’effacent, Louise aime regarder les nuages en prenant son temps, ça n’a rien d’un gaspillage, Louise fait juste preuve d’un peu d’imagination pour en goûter la quintessence.

Les nues qu’on pourrait croire immobiles ne cessent de se métamorphoser au gré des alizés d’altitude. Louise aimerait s’envoler et se laisser emporter par cette valse de brumes, Louise a toujours eu ce côté romantique, un rien l’emporte, d’une histoire banale elle est capable de faire un conte de fée. Louise n’a pas toujours les pieds sur terre. Louise a souvent la tête dans les nuages.

De petits bourgeons rosés pointent sur les branches de son cornouiller, l’arbre s’éveille et s’étire dans l’azur velouté, Louise l’imagine y dessiner les arabesques voluptueuses qu’elle ne se lasse pas d’admirer. Joufflus, tout potelés, les nuages roulent leurs bosses tranquillement sans s’inquiéter des larmes qu’ils laisseront peut-être s’échapper, pour une raison ou un autre, les nuages sont parfois pleurnichards…

Louise , en regardant les nuages, se dit qu’on ne leur accorde pas suffisamment d’attention, à part les météorologues bien sûr, mais ça ne compte pas. Prenez juste un petit moment pour y lire de belles histoires, en leur compagnie le temps en perd son latin, je parie que vous serez surpris de ne plus pouvoir les quitter du regard !

Louise en sait quelque chose, voilà des heures qu’elle rêve en regardant les nuages…

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