La lumière d’octobre a les mêmes reflets que les couleurs automnales des feuilles jaunissantes. On ne peut cependant se méprendre sur l’éclat de cette dorure flamboyante qui annonce les froidures à venir. La nature épuisée trouve dans le vent qui s’est levé de quoi paraitre vivante, cependant, tout s’endort doucement sous les premiers frimas d’un ciel profondément bleu. Petites laines et foulards d’étamine ont remplacé les tenues d’été, il serait vain d’ignorer les frissons des premières gelées matinales…

Un écureuil chaque jour escalade le lilas pour aller déposer dans son nid de quoi se sustenter quand plus rien ne poussera. Il dégringole telle une cascade rousse jusqu’à l’herbe qui, une dernière fois tondue, ne se laissera pas abuser par la douceur trompeuse des étés indiens, mais s’engourdira doucement pour quelques mois dans le froid.

L’azur est de ce bleu infiniment pur, sans la moindre trace d’un reste de nuage. Le regard que rien ne retient ici-bas, se perd dans un vertige indigo propre aux ciels immaculés des journées transies. A peine rentrés au chaud la buée s’empare de nos verres de lunettes, les écharpes enroulées autour de nos cous font barrage duveteux pour nous préserver des premiers rhumes saisonniers.

Mais toi sous la pierre grise, sens-tu le froid encore ? Que n’ai-je le pouvoir de réchauffer ton corps évanoui, seule ton absence abyssale étreint encore mon âme inconsolable… Je ne peux me défaire de mon chagrin, seulement le laisser s’apaiser simplement, que pèsent les mois et les années au regard d’une si belle harmonie ? Passent les jours, leur lumière rassure mon coeur, en partant tu m’as laissé de jolis devoirs de vacances que je m’applique à peaufiner chaque jour, une Pénélope sommeille en moi qui dorénavant t’attend sans pourtant croire aux miracles, patiente, fidèle et persévérante, comme si l’on pouvait faire fi d’une Faucheuse intraitable…

L’été de la Saint-Martin berce ma tristesse et la colore d’avenir, car tu n’aurais pas aimé me voir fléchir, je ne peux m’empêcher de contempler le paysage familier qui s’étend toujours plus loin derrière moi, il était si beau qu’il m’est impossible de l’oublier, mais je découvre aussi celui qui jusqu’à l’horizon me propose une autre façon d’être heureuse, sans toi, mais emplie de tout ce qui m’aura bon gré mal gré façonnée. Grâce à l’empreinte que tu as laissé en moi tant que je respirerai, je mettrai un pied devant l’autre, sur des chemins d’herbe douce ou des sentiers de cailloux, je suivrai la lumière au bout du tunnel, confiante et assurée qu’il faut toujours lui laisser le bénéfice du doute, qui sait ? Ma liste des choses encore à faire ne cesse de s’allonger, le temps qui passe ne fait rien à l’affaire, le bonheur tient à tant et si peu qu’il n’en faut négliger aucune expression. Mes blessures ont l’avantage de me laisser de discrètes cicatrices qui chaque jour me ramènent à l’Essentiel. La vie n’est qu’un apprentissage quotidien, rien n’est véritablement hasard, tout a une raison d’être et nous pousse à mieux nous connaitre et davantage nous aimer, les épreuves ne sont aucunement des punitions, mais bien au contraire des opportunités salvatrices qui nous rendent plus clairvoyants et bienveillants.

Derrière les sapins le ciel rougit en s’inclinant devant Dame Lune impatiente de reprendre possession de l’Olympe, les oiseaux piaillent en regagnant leurs abris,la pénombre peu à peu englouti le jardin, la maison enfile son pyjama tout de veilleuses et de volets baissés, partout le silence a avalé cris et chuchotements, il faut se résoudre à attendre patiemment que demain s’éveille au chant d’un coq voisin. Là-bas, je sais qu’un astre d’opale se mire sur une dalle grise sur laquelle en lettres dorées s’écrit ton nom, les cyprès s’allongent dans le clair-obscur, quelques feuilles se sont posées sur la pierre comme un dernier reflet du jour agonisant, l’automne, là aussi, s’est installé…

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