Deux tours de clefs et ce sera terminé…

Je ne reviendrai plus jamais m’asseoir ici, et pour tout dire, je ne crois pas que cette chaise inconfortable fasse partie de mes regrets…

Deux tours de clefs dans le silence des bureaux désertés d’un vendredi à 18 heures…  J’ai trié mes dossiers, déchiré tout ce qui ne me servira plus, ni à moi ni à quiconque, puisque lundi, personne ne viendra s’asseoir à ma place, aujourd’hui comme presque partout les budgets rétrécissent et laissent bien des sièges vides…

Personne à qui dire au revoir, et ça n’est sans doute pas plus mal, je ne suis pas fan des larmes de crocodile, quand après des années et des années de cohabitation obligatoire et son lot de frictions récurrentes, « on » se met à vous trouver toutes sortes de qualités et qu’on vous assure de beaucoup regretter votre départ… Ça me fait dramatiquement penser à tous ces cimetières remplis de gens irremplaçables !!!

Deux tours de clefs, et le bruit métallique d’un petit trousseau qui tombe au fond de la boite à lettre avant de rejoindre d’autres orphelines dans un petit carton blotti au fond d’un tiroir…

Plus que deux heures à peine, le ciel est en deuil et pleure un été à peine né mais déjà pluvieux depuis des semaines, la lumière est grise, l’ambiance des lieux inhabituellement calme accentue l’idée d’une absence, avec ce petit quelque chose de curieux qui n’a rien à voir avec un départ en vacances…

Deux tours de clefs, et une page tournée sur une autre encore toute blanche, avec juste ce qu’il faut d’une déconcertante nostalgie alors que si souvent on aurait aimé être ailleurs qu’à cet endroit, et qu’une foule de projets feront de moi de ces retraités qui n’ont plus une minute à eux !!!

Deux tours de clefs et ce qu’on nomme « liberté » sans plus d’horaires que ceux que je m’imposerai ou pas, sans d’autres obligations que celles de profiter de ce temps retrouvé, de ne fréquenter que celles et ceux qu’on aura choisi, de s’offrir enfin tous ces possibles si souvent remis aux lendemains…

Deux tours de clefs qui résonnent dans le vide, avec ce tintement sourd du métal sur le chambranle de bois, la porte qui vient de se fermer dans un claquement mat sur toutes ces années m’assène définitivement un âge qui à lui seul me définirait…

Je vous rassure, ces lignes pourraient vous paraitre un brin moroses tandis que cette rupture de rythme ne m’apparait en fait que comme une porte ouverte sur un programme des plus alléchant !… Mais il me semblait important, dans un tout premier temps, d’essayer de décrire cette foison de sentiments à la fois réjouissants et cependant contradictoires qui se bousculent dans mon esprit, au moment de donner ces deux tours de clefs…

 

 

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