L’hiver est un prestidigitateur, un sacré farceur qui lâche ses flocons comme des confettis glacés et nous engonce dans des duvets informes pour nous en protéger. Le froid met en appétit, c’est bien connu, et nous voilà bientôt attablés autour de fondues ou de raclettes, qui n’ont de raisons d’être que de nous transformer en gardes-mangers pour, tel Cro-Magnon, résister aux assauts hivernaux. De patates chaudes en lard bien gras, de fromages dégoulinant en gâteaux moelleux, nous nous enrobons grassement, une douceur par-ci, une autre par là, à n’en point douter, petit bourrelet deviendra grand sans difficulté… Et quand, peinant à fermer nos jeans et nos chemisiers, on s’en alarmera, il sera déjà trop tard pour y remédier, d’ailleurs, à peine fêtée la Nouvelle Année que voici la Chandeleur et ses crêpes sucrées, puis, sont-elles seulement digérées que Carnaval et ses beignets s’invitent à toutes heures de la journée ! Au point où la gourmandise nous aura menés, un peu plus un peu moins, qu’importe, Pâques dissémine un peu partout dans nos jardins ses chocolats et ses sucres ajoutés, reconnaissez que ce serait « péché » que de les abandonner aux beau milieu des jolis pissenlits !…

C’est ainsi qu’au Temps des cerises le printemps bien installé nous propose sournoisement d’enfiler les jolies cotonnades qu’on avait, jusqu’ici, soigneusement mises à l’abri des mites… Ah ah ah, quel étonnement !… La dernière lessive a du les faire rétrécir, ce sont dans des combinaisons de plongée qu’on tente de se glisser !…

Fut un âge où le mot « régime » n’avait pas encore sa place dans notre vocabulaire, aucun excès ne contrariait nos tailles de guêpes, tandis qu’aujourd’hui, respirer l’odeur suave d’un croissant au beurre en est déjà un ! Pas plus qu’un pèse-personne ne nous faisait les gros yeux dans l’entrebâillement de la porte de la salle de bain… Résolutions drastiques, apéros à l’eau gazeuse, légumes à la vapeur, sucre pris en filature, repoussé au fond des placards et banni pour le reste de cette vie, course à pieds, vélo, n’importe quels travaux de bagnards pourvu que fonde cette intrusive graisse !

A la recherche d’un Temps perdu où nos illusions ont disparu plus rapidement que nos kilos superflus, ne perdons plus le nôtre à vouloir ressembler à celles que nous fûmes, soyons plutôt indulgentes pour celles que nous sommes devenues, nos rondeurs sont aimables et comblent les rides dont les années par ailleurs, nous accablent !…

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