Un monsieur sur son balcon avait enfourché un vélo. Il se mit à pédaler, pédaler, comme si sa vie en dépendait. Cet homme avait endossé, évidemment, une tenue de coureur cycliste, ainsi aurait-on pu parier qu’il participait à quelque critérium des balcons de province.
Habillé d’un juste au corps noir qui mettait en valeur les muscles que cet exercice lui sculptait, il avait enfilé une cagoule qui le protégeait des courants d’air, et chaussé des lunettes noires sur son nez crémé pour se protéger du soleil hivernal qui inondait sa petite loggia citadine.
Il pédalait contre le vent qui s’était levé, sans pour autant réussir à l’écheveler, tant son bonnet serré tenait ses cheveux prisonniers.
Je ne comprends vraiment pas jusqu’où il s’imaginait pouvoir aller, au premier étage d’un immeuble au balcon étriqué. Mais il pédalait comme un damné, certain de gagner puisque personne jusque là ne le suivait !
Une femme, derrière la fenêtre le regardait faire du surplace, le sourire aux lèvres et une tasse de café tenue au chaud entre ses mains. J’ai trouvé regrettable qu’elle assiste à cet effort sans l’encourager davantage. Sans doute estimait t’elle que le jeu n’en valait pas la chandelle, d’ailleurs aussi vite avait-il enfilé ses cales-pied que d’un saut élégant il les quitta et descendit de sa bécane pour regagner ses pénates. Le vélo est resté posé là, son pédalier tournant dans un vide désespérant qui bientôt le verrait à l’arrêt sans autre forme de procès.
Toujours beaucoup de plaisir à lire tes superbes lignes tellement poétiques !!??
Voici un cycliste qui ne risque pas d’être gênant sur les routes et qui réussit à capter l’attention de deux « admiratrices » espiègles ! Bel effort !