La chaleur transpire de l’asphalte des trottoirs sous l’obscurité qui déjà s’installe pour une autre nuit d’été. Comme chaque soir j’aime le moment de notre promenade dans les rues désertées, sous la lumière tamisée des réverbères, quand le silence s’est emparé des lieux. Sherlock et moi marchons de concert, lui reniflant les messages odorants de ses congénères plus tôt passés par là, moi puisant dans le ciel étoilé une goulée d’immensité propice à l’apaisement d’une journée bien remplie.
Au loin quelques pétarades de mobylettes en quête de reconnaissance, le souffle d’un vélo qui glisse dans la nuit, les néons colorés, le murmure des bars et le flot cascadant entre les rochers du canal avoisinant. L’onde sombre cache peut-être bien des mystères sous la lune qui joue de sa nitescence sur les remous virevoltants. Mon regard s’y perd croyant apercevoir l’ombre d’une naïade endormie dans les mousses et les roseaux. Que penser de cette vague couleuvrine qui s’enroule autour des écueils de pierre, ou de ce sillage sans esquif qui creuse l’eau sans bruit ? C’est l’heure des sirènes et des silhouettes sibyllines, celles des mannequins, immobiles encore dans leur vitrine, mais qui vous dardent d’un regard vide au fond duquel stagne quelque projet méphistophélique, ces yeux qui vous suivent au détour d’une devanture éteinte, parfois chaussés de lunettes noires camouflant on ne sait quelle menace…
L’obscurite enrobe le soir de son imagination sans borne, curieusement je ne crains pas son emprise incoercible, c’est un soupir que pousse la journée en s’effondrant de fatigue, une parenthèse, un assoupissement éphémère. La nuit lisse les reliefs et répare les tracas, demain bientôt se relèvera de bon matin sans manquer à son devoir d’évidence.
Est-ce une « suite » de l’écrit précédent (« La nuit, Louise écrit… ») ?
Pour ces 2 textes, on vit chacune des descriptions comme si on y était.
Merci Mo.
Amitiés