Un long silence, de ceux dont on a parfois grand besoin après un temps de tumulte. Une virgule entre deux jacasseries, un soupir d’apaisement après trop d’agitation.
Comme si le moindre murmure était un fracas. Un cessez-le-mot jusqu’à l’ankylose, un étirement pour retrouver la souplesse d’un joli mot. Motus et bouche cousue quand la moindre question se pose. Une petite mort pour la logghorée qui enrobe nos jours et n’épargne parfois pas nos nuits..
Se taire. Ne pas s’inquiéter des rappels, des reproches, des jugements. Laisser sa voix s’absenter mais entendre encore celle qui murmure en soi, juste comme un souvenir, un clin d’oeil à l’avenir. Savourer l’éclipse du Verbe, en distiller les saveurs à l’alambic de l’implicite, regretter d’en avoir parfois trop dit et se promettre de ne plus se laisser dissoudre.
Un silence, comme une ligne droite, comme la surface d’un étang sous la chaleur de l’été, sans le moindre zéphyr, sans une ride qu’on tenterait d’effacer. Comme une profonde apnée avant d’inspirer l’air qu’on avait retenu jusqu’à l’asphyxie. Comme un regard qui caresse infiniment l’horizon ou ce geste suspendu dont on ne peut soupçonner l’épilogue.
Le silence, empli de bruissements discrets, de chuchotements qui s’enchevêtrent dans le vent. Qu’est-il d’autre d’ailleurs, que cette multitude de sons et de musiques qu’on n’identifie mieux puisque posés dans un écrin feutré qui n’en renverra pas l’écho.
Le silence, enfin, quand tout est trop présent fugace et assourdissant, où je me suis plongée un long moment, sans bouger ni m’en lasser, pour me défaire de mes angoisses, me laver de mes erreurs, m’alléger et reprendre de la hauteur.
Tu étais déjà en hauteur et à la hauteur de tant d’autres écrivains. Ton retour aux mots me ravit.
J’aime ton écriture et tes propos. C’est tellement bien vu et bien écrit que je ne me lasse pas de te lire.