Existe-t’il un calendrier particulier qui indiquerait la durée décente d’un deuil ? A t’il seulement une durée conseillée ou toute l’éternité devant lui ? Suffirait-il de tourner la page pour retrouver sa virginité, en écrire une autre sans s’encombrer d’un passé chagrin ? Y aurait-il une date de péremption au-delà de laquelle un deuil ne serait plus consommable ?
Votre douleur vous appartient et ne pèse pas grand chose chez les autres. L’oubli recouvre bientôt les souvenirs qui ne sont pas les votres. Le temps ne s’écoule pas de la même façon selon que vous vous trouviez à la croisée d’un chemin caillouteux ou sur un ruban d’asphalte aussi lisse qu’une habitude.
D’aucun estimeront qu’au bout de tant d’années l’absence est encore bien trop présente dans votre vie, qu’il serait temps de libérer votre coeur et vos murs des empreintes d’un amour défunt. Pourquoi devrait-on se justifier de lui conserver sa réalité au-delà de la mort ? Survivre d’abord, puis réussir à se forger une nouvelle façon d’exister ne nécessite aucunement de faire table rase d’une partie de son histoire. C’est en s’appuyant sur leurs ruines que bien des édifices se sont élevé plus hauts, plus solides.
De quel consentement aurait-on besoin pour continuer d’aimer au-delà de l’irrémédiable, sans la tendresse d’un regard qui pour toujours s’est ancré dans le votre, sans la douceur d’une caresse qui s’est à jamais déposée sur votre peau ? Le bonheur ne tient qu’au fil que vous avez choisi pour le tisser. Peu importe qu’il soit de soie ou de coton puisqu’il vous habillera vous et personne d’autre.
Ce n’est pas se complaire dans le regret que d’aimer toujours, la mèche rougie d’une bougie transmet sa lumière à une autre toute neuve, la vie continue dit-on, oui, mais avec lui, d’une autre façon, que peut-être peu comprendront, mais qui me convient à moi et ne me prive en rien d’un devenir.
Alors là, il n’y a rien à ajouter ! Tout y est !
Ce texte n’est plus ni moins qu’une vraie déclaration d’amour profond envers un être définitivement présent. N’en déplaise !
Prodigieusement poignant.
Merci à Vous.