Ce matin encore le ciel se moque de nos chagrins ! Pas un nuage pour voiler l’impudique lumière qui inonde tout ce qu’elle caresse !
Vivante. Au plus profond des drames qui émiettèrent ma vie, je l’ai toujours cherché cette lueur qui me donnait l’envie de continuer mon chemin envers et contre tout. Mais les années s’accumulant me confrontent de plus en plus souvent à la perte de mes ami(e)s. L’âge isole progressivement dans un village déserté de ses habitants. La vieillesse est-elle une si grande chance ? Septuagénaires, octogénaires, nonagénaires et puis quoi encore ? Un podium chèrement gagné au prix de tant de deuils que la victoire n’en devient que plus amère…
Vivante. Sans elles, sans eux. Riche de tant de si jolis souvenirs qu’ils en deviennent douloureux.
Moi d’ordinaire si positive, je ne trouve plus de raison pour me réjouir d’un avenir vidé des espoirs et des projets que forge la jeunesse, chaque année gagnée me confisquera sans vergogne ce que j’ai de plus précieux.
Je ne peux cependant ignorer qu’effectivement la vie est d’une insolente et curieuse beauté, parfois moins cruelle. Je ne peux me plaindre de respirer l’été qui s’installe, je ne peux renier les petits et plus grands bonheurs qui ourlent mes jours. Il me semble devoir m’incliner devant ce qu’on nomme destinée et qu’aucun vœux jamais ne réussirait à détourner. Aujourd’hui plus encore, acculée à regarder le malheur en face, je ne dois pas renoncer à l’étincelle qui éclairera encore et encore la nuit dans laquelle la vieillesse va progressivement m’entrainer.
Vivre et vieillir. Tout tissage n’a t’il pas sa trame ? Mais de raison, d’explication à son déraillement ?
Pour mes amis qui eux aussi vieillissent et comme moi voient autour d’eux le monde se rétrécir, pour garder le regard droit sur l’avenir, persister à goûter chaque jour et trouver la force de remercier la Providence ou l’Enfer de me prêter vie plus longtemps qu’à ceux que j’aime, pour entendre encore le murmure d’un bonheur inondé de larmes, je vais le dénicher ce petit quelque chose qu’aucune ride ne me dérobera, et vaille que vaille, je le trouverai cet oasis en plein désert ! Et je le partagerai avec ceux qui restent…
A Martial Giacometti, à Maryse, à tous ceux qui restent…
Bise, Mo.
Avec toute ma sympathie.
Bise