Une nuée de moineaux s’est abattue sur les arbres comme la misère sur le monde, dans un vacarme étourdissant de battements d’ailes, de pépiements et de chamailleries. La volée s’éparpille d’une branche à une autre, c’est qu’il faut que chacun trouve sa place avant la tombée de la nuit.

J’aime les fins d’après-midi, quand le soleil décline et tamise la lumière, quand un trait de crayon noir ourle les silhouettes familières des forêts et des collines sur le « Canson » teinté du rose moiré du couchant. Quand la brune laisse encore entrouverte la porte sur le jour expirant, que les rues se vident et que le silence avant de s’installer, résonne encore de quelques rideaux tirés devant les vitrines éteintes. Les lieux se taisent, la nuit les fige dans une immobilité que seuls les chats osent briser de leur pas chaloupés.

Après une journée où le bruit règne en maitre sans discontinuer, vient lentement le temps d’une pause nocturne qu’il faut apprivoiser. Je sors à la nuit tombée promener mon petit chien, et retrouve étonnée ces lieux habituellement fréquentés, déserts, emprunts d’un soupçon de mystère, comme si l’obscurité les nimbant de cette aura sibylline, leur offrait un répit momentané, néanmoins peu engageant pour qui tenterait de l’enfreindre…

Quand s’allument les lampadaires, les buissons, gros hérissons lovés dans la nuit d’été jouent les ombres chinoises le long des allées. La moindre silhouette cheminant dans la pénombre prend des allures fantomatiques, alors qu’elle même frissonne en scrutant les « mouvances  » de l’obscurité s’emparant des lieux.

Je plonge les yeux dans le ciel scintillant d’étoiles, de si loin tout semble calme là-haut, la profondeur infinie des cieux m’étourdit, comment ne pas être pris de vertige devant cette immensité dont nous ne discernons qu’un espace réduit à notre seul « horizon » ?… Elle est source d’interrogations auxquelles finalement peu de réponses sont apportées, et de toutes façons régulièrement remises à jour au fur et à mesure des avancées de nos connaissances.

L’apparente immobilité de ce « paysage » céleste me berne à chaque fois… C’est un champs de bataille, un feu d’artifice colossal, une valse orbitale où se frôlent périlleusement les danseurs, un chaos minutieusement discipliné dont je ne peux pas un instant imaginer la réalité tant elle est aussi dantesque qu’effarante !

Ce regard sur l’infini qui ne rencontre aucun obstacle et nous réduit à l’échelle du quantique, impuissants à saisir la raison de notre présence, s’il en existe une seulement, ni de la place qui nous est impartie. Le silence des cieux nous ouvre le coeur et l’esprit, c’est le cadeau que chaque soir offre à qui veut bien le recevoir.

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