Un moineau, posé sur le rebord de ma fenêtre, à tout petits pas sautille, une fois en avant, et très vite une autre fois en arrière. De quoi a t’il eut peur ? De rien puisqu’il refait aussitôt un autre bond en avant. D’un œil avisé, il mesure l’écart qui le sépare encore d’une miette par hasard apportée jusque là par une nappe secouée après un déjeuner. Pour vous autres la mesure est rassurante, allez, une ou deux gambades plus tard, la brisure est à lui, mais ne vous y trompez pas, pour l’oiseau la victoire est loin d’être assurée, car la mie toute sèche ne pèse rien, un souffle pourrait la pousser plus loin, qui sait, la précipiter sur le sol du jardin, alors quel désastre ! Comment la retrouver perdue dans le sable de l’allée ou dans l’herbe du jardin ?… Il faut donc faire vite, cependant sans prendre le moindre risque, l’oiselet sait bien que d’autres posés tout près n’attendent qu’une hésitation de trop pour la lui faucher ! Et l’oiseau de cabrioler de ci de là, entamant une curieuse danse, veut-il ainsi leur signifier que cette aubaine est la sienne puisque le premier il l’a repérée ? J’aimerais le prévenir que ses gesticulations n’impressionnent pas grand monde, mais comment dit on ça en langage de plume ? Entre-temps il a osé une voltige de plus, enfin, doit-il se penser bientôt rassasié… Un rien le sépare de ce magot inespéré, mais un doute encore l’assaille aussi vérifie t’il encore d’un regard perçant qui ou quoi alentours pourrait le mettre en péril, le piaf s’assure une dernière fois que la miette est toujours là, et d’un bond se précipite enfin sur son butin, d’un bec assuré il s’en est saisi et tout de go dans son gosier l’a englouti ! Satisfait et fier de lui il toise ses congénères dépités et d’une volée quitte l’endroit pour aller observer de plus haut si quelque pitance est possiblement prochaine becquée !

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