Un avant-goût d’Avril est prudemment sorti du bois ce matin. Quelques trainées farineuses s’attardaient encore sur le bord des toits en dépit d’un rayon prometteur. Des pépiements enjoués aussitôt se sont empressés d’accueillir la journée lumineuse qui s’annonçait dès potron-minet. Les fenêtres légèrement givrées clignèrent des yeux avant de laisser leurs larmes couler sous la douceur d’un rai printanier.

Téméraires, les hortensias et les rhododendrons s’entichèrent de leurs bourgeons premiers-nés, quoique les bichonnant à l’abri des courants d’air, les perce-neige et les crocus aguerris ne purent s’empêcher de les désapprouver en dodelinant de la corolle, les jonquilles, les primevères s’en moquèrent en pouffant sous la rosée. Les fleurs, entre elles, rivalisent d’appâts mais n’exhaleront aucune fragrance, quand un peu plus tard les mimosas prendront la pose dans les jardins méditerranéens, un parfum de jalousie se répandra autour des pensées dont les couleurs chatoyantes ne sont que leurres… Sans cesse le lierre cherche misère aux troènes pourtant toujours au « garde à vous » devant le grillage.

La fraîcheur menace la moindre tentative de cotonnade, il faudra attendre Mai pour se découvrir d’un fil et renouer avec lins, toiles légères, chemises échancrées, jupes et corsages !

Un vent léger invite les branches à une valse douce, le souffle soulève les feuilles mortes, c’est un tourbillon gracieux qui envoute, un remue-ménage de printemps qu’orchestrent des risées à l’haleine mentholée. Ainsi les jours vont-ils discrètement s’allonger, les heures nous paraitrons plus longues jusqu’au coucher, les nuits plus claires feront la part belle aux étoiles, le regard des amoureux se perdra dans la Voie Lactée, tandis que d’autres, pris de vertige devant l’infini, s’endormiront sous la lune d’ivoire.

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