Une cantate de Bach s’est éprise des mots que je m’apprêtais à coucher sur un joli papier. Tout en pleins et déliés, les voilà en train de s’envoler, formant une ronde mouvante, charmée par la complainte languissante des violons. Seule l’ombre violette persistant sur la feuille témoigne qu’ils furent bien alignés, offerts à une lecture paisible au coin de la cheminée.

Ils m’échappent maintenant, se désagrégeant pour mieux se reformer autrement, leur danse légère papillonne, la farandole s’enroule sur elle-même, puis telle chrysalide se déplie sous la baguette d’un chef qu’on devine orchestrer l’harmonieuse chorégraphie. Quand Massenet, Brahms ou Vivaldi s’en emparent à leur tour, comme j’aimerais partager avec vous ce ballet ondulant sous la caresse des notes tantôt cristallines, rondes et envoutantes…

La musique m’a prise par la main alors j’ai du poser ma plume, quelques gouttes d’encre ont tenté en vain de ponctuer mes phrases posées sur cette portée éphémère, la partition ne s’en laissât pas conter, je me suis lancée moi aussi dans cette valse lente, à pas légers sur le plancher de ma salle à manger, notes et mots m’ont enlacée, et depuis, bercée, apaisée, délestée, presque diaphane, dans leurs bras, je danse, je danse, je danse, je danse…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *