C’est l’avant dernier matin, l’ultime souffle d’une année dont le trépas est annoncé. Un océan de nuages roule ses vagues tel l’océan qui se plisse sous la houle. Le cœur lourd d’avoir à bientôt s’effacer, elle se laisse envelopper par cette lumière si particulière qui s’obstine à enluminer le moribond calendrier.

Pas l’ombre d’un zéphyr, la nature s’immobilise peut-être dans l’espoir de retarder la bascule, tous les lendemains ne chantent pas, les heures cependant filent comme s’il leur fallait au plus vite rejoindre minuit, inexorable compte à rebours tenant en haleine qui voudra croire qu’une fatidique seconde changera la face du monde, soudainement il faudrait se persuader de la virginité du nouveau millésime, exempt des égarements d’antan…

Les arbres frissonnent, que savent ils de leurs habits de printemps ? Rien n’est jamais acquis se disent ils en grelottant, dénudés par l’hiver qui lui, perdurera encore un moment, hier ou demain ne lui sont rien. Chopin égrène ses partitions dans le salon assoupi. La musique n’adoucit guère la nostalgie qui imprègne les dernières heures d’une époque bientôt révolue, une larme coulera d’un regard déjà tourné vers l’avenir, puis il faudra bien sourire et continuer de cheminer vers nos destinations improbables, inquiétantes ou prometteuses, l’âme est ainsi faite qu’envers et contre tout l’espérance renait toujours de ses cendres, pour les siècles des siècles elle promet l’impossible en ne tenant que rarement parole…

J’apprends à l’instant qu’une très chère amie s’endort pour toujours, sans aucun doute la raison pour laquelle mes mots se sont ainsi vêtus de noirs comme le clavier qui les accompagne, la matinée s’était emparée de ce chagrin avant même que j’en eusse connaissance, quand je vous dis combien les âmes se comprennent sans mot dire, mon coeur le soupçonnait, le ciel la pleurait déjà alors qu’au loin elle respire encore, nos retrouvailles seront pour plus tard, ailleurs et autrement, je veux plus que jamais le croire.

Nos vœux les plus sincères ne sont que des béquilles, jusqu’à ce qu’à bout de souffle eux aussi, ils nous laissent éperdus, démunis sans aucune main secourable à saisir, autant en emporte le vent et l’impuissance dans laquelle ils nous contiennent irrémédiablement…

Il reste à chacun de trouver de quoi alimenter ses incorrigibles espoirs, que seraient tous ces jours naissants sans eux, les flots les porteront, fétus de paille ballottés par le ressac, à l’épuisette allons donc à la pêche, sait-on jamais ?… Certains chagrins resteront inconsolables, ils survivront à nos rêves nourris dans l’écume des jours…

A Brigitte B. et les siens. Vendredi 30 Décembre 2022.

2 Replies to “Ressac…”

  1. Merci Monique
    Cette époque de changement sera dure mais pourrait être passionnante
    En vous souhaitant une belle nouvelle année !
    Laurence

    1. Grand merci à vous Laurence qui me suivez fidèlement et trouvez toujours un mot gentil en commentaire. Bonne et heureuse année à vous aussi, il faut effectivement continuer à croire en l’infime mais bien réelle bienveillance de l’Humanité. A bientôt.
      Monique

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