C’est un jour comme un autre, d’une platitude étonnante tant rien n’est venu en modifier l’apparence ennuyeuse, pas le moindre petit relief témoignant d’un sursaut d’originalité, fait d’heures arthrosiques qui s’étirent péniblement, à peine remplies, laissées à l’abandon comme tout ce dont on ne sait quoi faire…

Un avaricieux crachin d’automne délave consciencieusement les moirures qui tentaient d’embellir l’agonie des feuilles, la verdure est immobile, somnolente sous le ciel cafardeux. Pas le moindre courant d’air n’agace les branches, les arbres dénudés ont tapissé le sol de leurs guenilles détrempées, offrant à la terre ce vernis d’enluminures propres à la Saint-Martin.

L’atmosphère est aussi morne que se peut, les moineaux se taisent campés dans quelque buisson hirsute, se réservant, peut-être, pour mieux nous assourdir à l’heure du rassemblement avant leur départ vers des cieux plus joyeux. Par moment la bruine s’alourdit et devient pluie, frappant le toit de la véranda en improvisant un curieux solo de batterie. Puis le silence à nouveau enveloppe la maison d’une ouate léthargique.

La lumière est en veilleuse, les nuages la retiennent captive derrière d’épaisses couches grises, l’après-midi se prend pour un matin à moins que ce ne soit l’inverse, l’horloge ne sait plus à quel cadran se vouer, peu importe c’est une journée sans repaires où rien ne divertit, une page blanche noircie à l’encre sympathique.

Ce pourrait être l’occasion de prendre son temps, on en a si peu à perdre d’habitude. Or, même le temps boude son plaisir, il mène un train de sénateur dédaignant toute suggestion d’en faire un bon moment. L’ennui, tenace, s’est installé confortablement au fond du canapé, lorgnant, moqueur, toute l’énergie terrassée gisant à ses pieds. C’est définitivement un rendez-vous manqué, un lapin posé sur l’agenda inoccupé, bref, une date à oublier, une page à tourner…

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