C’est quelqu’un de très sympathique, prêt à tout pour vous faire plaisir, qui vous trouve énormément de qualités qu’en réalité vous n’avez pas toutes, quoi de plus flatteur que de se sentir à ce point admirée, appréciée, voire aimée par un être aussi charmant ?

L’espoir d’avoir fait une belle rencontre ne vous autorise que très progressivement à retrouver une once de lucidité. Les jours passent et si l’ensemble est plaisant, quelques petites alertes réussissent à atteindre les rares neurones qui n’ont pas encore succombé à son charme pressant.

Une autorité mal maitrisée, qui recule le temps de vous rassurer, un wagon de projets qui sous couvert de devoir vous enchanter, ne sont que ses projets à lui, le tout à la vitesse d’un TGV en folie. A peine évoquez-vous une réticence, qu’il vous explique qu’il la comprend, absolument, qu’il en tiendra évidemment compte, promesse, que bien entendu il ne tiendra pas.

Il chez vous vous comme chez lui, décide de ce qui est à faire, ne vous demande aucunement votre avis pour débarrasser les arbres de leurs branches mortes (ou pas), c’est bien sûr pour vous éviter d’avoir à le faire, pour vous satisfaire, vous plaire, si vous n’êtes pas enthousiaste en retrouvant vos buissons tout maigrichons, c’est que vous ne vous rendez-pas compte de la chance que vous avez d’avoir un jardinier en même temps qu’un ami.

L’envahisseur vous couvre de compliments, de déclarations diverses toutes plus enivrées les unes que les autres, déclare que sans vous la vie n’a pas de sel, que vous ne savez pas encore combien vous l’aimez aussi parce que vous ne vous autorisez pas à être heureuse.

Tout est planifié, noté sur un carnet, vous tenant pieds et poings liés jusqu’à ce que d’un trait vous supprimiez cet emploi du temps qui n’a pas le même rythme que le votre.

Capable de tout pour vous éblouir, vous êtes à la merci de surprises déroutantes. En fait ce conquérant ne conquiert que pour lui-même, un insoutenable besoin de reconnaissance lui ferait déplacer des montagnes juste pour le plaisir de mourir d’épuisement sous vos applaudissements, nés bien souvent de parents amputés de leur fibre sentimentale, doté d’une olfaction peu commune, il se laissera guider jusqu’à l’essence essentielle de sa quête : la maitrise e la manipulation de l’autre, sous quelque forme que ce soit, pourvu qu’enfin sa soif inextinguible de pouvoir soit assouvie, ne fusse que l’espace d’une inhalation.

La place qu’il s’octroie est à la mesure du bonheur qu’il veut à tout prix vous offrir, il pense et réfléchis à haute voix, a réponse à toutes vos questions, a prévu des plans de substitution comme autant d’injonction à vous convaincre de lui céder. Il vous écoute mais ne vous entend pas, centré sur sa propre personne, tous les chemins mènent à lui.

Il parvient, insidieusement, mais toujours sous l’habit d’une bienveillance affichée, à faire vôtres des décisions qui ne sont que les siennes. Vigilance oblige, arrivera tôt ou tard le moment de vous ressaisir en vous réappropriant vos émotions, ressentis, intentions, au risque de l’étonner, de lui déplaire, c’est à ce prix qu’on préserve son indépendance de cœur, d’esprit et parfois financière.

Narcisse n’a peut-être pas conscience de l’être, s’il se pâme devant sa beauté envoutante c’est qu’il lui faut pour s’en convaincre vous en persuader aussi. Tout esprit fragile se voit tisser autour de lui une toile dont il faut pour s’en défaire, le recul suffisant et l’énergie propre au discernement.

Sa perversité tient à sa progression insidieuse et obstinée. Il a raison, vous avez tort. Lui vous connait bien, vous, bien évidemment, ne savez pas qui vous êtes. Il veut votre bien, votre mauvaise volonté à le comprendre l’agace, « âne » que vous êtes, dit-il avec attendrissement, pour très vite vous trouver « sévère, difficile, indécise » puisqu’une fois les choses mises au clair, il est absolument certain que votre raisonnement est infantile, égoïste et versatile. Peu lui importe votre avis d’ailleurs, puisque seul le sien compte, quoiqu’il vous clame le contraire pour vous rassurer.

Cette perversité narcissique est ce « trop » dont peut-être vous pourriez un jour faire les frais.

One Reply to “Trop, beaucoup trop ?…”

  1. Allons bon !
    Je comprends bien votre décision finale.
    N’en gardez pas un gout amer, si possible. Tout au plus une déception.
    Très amicalement
    A

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