Les années ont beau passer, l’âme se résoudre à cheminer lourde de ce chagrin inépuisable, la mort est quelque chose de tellement inimaginable, plus qu’une absence insondable, c’est un fait inconcevable, une énigme sans réponse qui nous laisse chancelants, interdits, sidérés… C’est un vide absolu qui subitement s’installe, un silence ahurissant qui s’oppose à toute tentative de communication, mais jamais n’empêche l’Amour de lui survivre. Qui n’a pas connu cette perte qu’on nomme sans pourtant en connaitre la réalité ne peut comprendre cet attachement inébranlable que rien ne peut dénouer.

Je me promenais hier sur les hauteurs de La Chambotte d’où le panorama est absolument stupéfiant de beauté : Tout en bas le lac du Bourget, que cernent les verdures savoyardes, sur la côte occidentale, la chaine abrupte et sauvage de l’Épine qui plonge dans ses eaux turquoises, à l’orient, les montagnes douces, plus civilisées. Un paysage à couper le souffle, auquel un silence habité d’oiseaux, hanté par le souffle d’une brise d’altitude donne une musique propre à l’élévation. L’harmonie ne peut s’épanouir qu’auprès d’une âme attentive, humble devant le constat d’une perfection fragile, à la merci d’une vulgarité irrémissible…

Dans le calme époustouflant de cette pure harmonie, me vint comme toujours l’envie de partager avec toi ce bonheur, cette tranquille contemplation… D’aucuns n’iront pas au-delà de ces lignes, d’autres essayeront de me suivre encore, pour approcher au plus près des émotions qui peuvent m’enlacer dans ces instants de plénitude. Plénitude, puisque moment »parfait » s’il en est. Lumière, pureté, simplicité, le tout possiblement beaucoup plus vaste que ce qu’il y parait, pour peu qu’on s’autorise à laisser divaguer ses pensées.

Toi dont la mort me prive, toi cependant quelque part près de moi, que je ne peux voir mais que je devine parfois quand je suis attentive aux signes que tu m’envoies. Éternel questionnement de ceux « qui restent » et donneraient cher pour s’approcher au bord de l’Inconnu et peut-être apercevoir, ne serait-ce qu’une seconde, ce que vous êtes devenus.

Où es-tu ? Où pourrais-je espérer te retrouver, ton absence me parait tellement énigmatique, quatre années ne suffissent pas à me convaincre que tu n’es pas encore quelque part ! Je scrute l’azur où quelques avions tracent une ligne blanche qui s’étiole aussitôt. Serais-tu là-haut, en partance dans un de ces pays lointains ou dans ce train qui traverse la vallée savoyarde ?… Et si je retournais partout où nous sommes allés, n’y serais-tu pas encore ? Je n’imagine pas le monde vide de toi, ma souffrance ne s’apaise que si je sais pouvoir te chercher par ici ou par là, si au moins le Temps garde la trace de ton passage, si les lieux ont une mémoire, ils se souviennent de toi, de nous, je crois aux effluves des vies trépassées, aux parfums qu’elles laissent dans leur sillage pour que l’Amour qui les liaient à ceux qui sont encore, survive à jamais. Es-tu là-bas, ou ici, tout simplement, auprès de moi, de tes enfants, de ceux qui ont empli ta vie d’Amour, d’amitié ou de tendresse ? Je te veux libre, débarrassé des contraintes terrestres, des tristesses et des déceptions, baigné de ce qu’en traversant l’existence tout aussi mystérieuse que la mort, tu as accumulé de générosité et d’endurance, enfin apaisé des chagrins qu’on t’a fait, rassuré de nous savoir faire face sans toi, je t’aimais éperdument ici, je t’aime éternellement où que tu sois, et même s’il fallait t’imaginer disparu à jamais, dissous dans l’Univers, L’Amour connait tous les chemins qui mènent à toi, diaphane, essence pure de ce que tu fus…

A Jean-Claude…

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