Le vent s’est levé balayant tous mes regrets, une vie c’est bien trop court pour ouvrir et refermer tous les dossiers. Ce que j’ai pu réaliser n’est plus à faire et me laisse de jolis souvenirs, le reste n’a jamais été, pourquoi déplorer ce qui n’a jamais existé ?

Le temps passe plus vite qu’on a le loisir d’avoir des désirs, à peine celui là formulé qu’un autre pointe le bout de son nez sans tenir compte de l’appétit chronophage qui les fait parfois prendre trop de place. Pour un exaucé, deux autres seront évincés, je n’ai pu tout concrétiser, faute d’en avoir les capacités ou le loisir. Je n’ai pas toujours pu m’appliquer à bien faire, tant de fois il me fallait courir pour ne pas gaspiller les heures qui nous sont, depuis toujours, comptées. Pourtant à vouloir aller trop vite je me suis parfois égarée, faire demi tour et tout recommencer ne m’a pas forcément plus rapidement fait avancer, mais les erreurs sont toujours enrichissantes… J’ai appris à savourer chaque petite victoire, à faire avec ce que ma vie me proposait, comme en cuisine on ne peut élaborer un plat qu’avec ce que l’on a dans ses placards.

J’ai presque toujours trouvé de quoi me réjouir ou me satisfaire, je me lève chaque matin du bon pied, tant d’autres ne peuvent, quelque soit leur volonté, quitter leur lit, ouvrir les yeux sur une nouvelle journée est un privilège, le bouder une goujaterie. J’ai remarqué qu’un sourire suffisait pour se faire des amis, qu’il est, en tous cas, le meilleur moyen de mettre les autres de bonne humeur, quand faire la tête est épuisant, enlisant, et puis, comment se tirer d’un aussi mauvais pas en piétinant ?

Ce matin le vent a chassé les nuages, laissant ainsi le soleil prendre ses aises. La journée ne pourrait commencer sous de meilleurs auspices. Ne rien en attendre de particulier, ce n’est pas ennuyeux, c’est une faveur quand pour d’autres elle peut être sous la menace de tant d’inquiétudes, de peurs, ou de chagrins… J’ai tout près de moi des amis que la vie malmène cruellement, plus loin, d’autres se réveillent sous les bombes, et d’autres encore qui ont tout perdu ne mangent pas à leur faim… Si constater le malheur des autres ne console pas des siens propres, la comparaison peut permettre de relativiser ce qui nous arrive d’embêtant sans être dramatique… Oui, vraiment, « il en faut peu pour être heureux », le filet se gonfle de bonheur en espérant la rencontre d’un papillon, et s’il reste vide, il sera le symbole d’une liberté préservée…

Oui, je suis heureuse, mon coeur déborde d »amour pour cette matinée de printemps, pour ces premiers bourdons qui vont de buissons bourgeonnants en primevères épanouis, pour les doigts virtuoses qui permettent à Chopin « d’enmusiquer » ma ,petite maison, pour ce ciel infiniment bleu qui respire la paix, pour mon jardin « de curé » qui m’attend et que je vais « endimancher » en attendant les plantations, pour la fragilité de ce bonheur du jour qui me fait l’apprécier plus encore…

A ceux qui ont de la peine, au coeur de ces mots un petit « je ne sais quoi » de gentil et d’encourageant dans ce monde souvent obscur et compliqué…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *