Une pluie glacée a figé la nature telle qu’elle était juste avant le dernier souffle d’air qui, lui aussi, dû brutalement se paralyser sous l’assaut polaire. N’imaginez pas un paysage étincelant dès qu’une royale menotte l’ai simplement effleuré, non, ce gel là n’a rien de magique, sournois, il brille à peine sous la lumière de ce matin sibérien, et même l’air trompeur n’a rien de slave, curieusement moi si frileuse, je me suis étonnée de la douceur de l’air.
Mais chaque pas est un concert de verre brisé, les feuillages rescapés sont pétrifiés, il faut pour s’en convaincre les toucher, et s’apercevoir qu’ils ne sont plus que tessons de verre, habillés d’une glace translucide qui les fait paraitre plus verts, que la chaleur de mes doigts laisse à peine fondre et tomber par terre dans une chute cristalline.
Ma promenade matinale est une succession de petites enjambées prudentes, la terre même est fuyante sous la semelle, chaque feuille rousse qui tapisse le chemin serait une patinoire pour les fourmis qui malignes, sont, pour le moment, en dormance sous la terre et remettent leurs activités pour des jours meilleurs. Chaque pas est un pari. Funambule titubante sur la terre ferme, l’empreinte empesée de mes souliers se grave dans l’herbe givrée, maintes fois près de chuter, mon équilibre n’a tenu qu’à de clownesques contorsions qui furent un spectacle amusant pour les écureuils plus agiles ou les voisins moqueurs prudemment retranchés derrière leurs fenêtres fermées.