Le soleil de Novembre, en s’inclinant devant Dame Lune, n’a plus l’ardeur d’un Juillet enflammé, il s’agenouille modestement devant l’écharpe de nuages qui enveloppe les monts environnants en leur conservant encore le peu de chaleur d’une journée d’automne. Les feuillages flamboyants se disputent ses dernières lueurs, la campagne n’est déjà plus que braises, le ciel se grise à mesure que l’astre s’efface, d’une palette froide s’échappe une poudre rose qui sur les roches se dépose. Un voile carminé s’est emparé du paysage, à perte de vue il colore ombres et lumières confondues, le soir ainsi épouse la terre dans un camaïeu pourpré.

Ici comme ailleurs la journée s’épuise en beauté, mais l’altitude en débarrassant l’air de ses impuretés, permet aux rayons moribonds de le traverser limpides et colorés jusqu’à s’effondrer en grenaille carminée sur les vallons et les forêts. La nature n’est jamais avare de poésie quand elle se glisse en déshabillé de soie dans son écrin de duvet. La nuit peut bien tout engloutir, me restera au fond des yeux le souvenir d’un coucher jaspé sur les aiguilles des sommets, qui, pour un moment se faire discret, n’en demeurera pas moins aux aguets d’un jour naissant… Alors que dans le ciel grandira l’aurore, sur un nuancier déjà s’inventeront les aquarelles vespérales.

Le crépuscule coloré des montagnes de Savoie n’a rien à envier à celui de la ligne bleue de mes belles Vosges, tous les couchers de soleil n’ont pas cette splendeur colorée, mais aussi pudiques soient-ils, le silence s’impose devant le miracle d’une horloge aussi bien réglée…

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