« Je t’aime un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout » ?!

« Aimer », c’est un verbe qui ne veut pas dire grand chose tant qu’il n’a pas rencontré d’obstacle. Il voudrait tout englober sans discernement, mais qui « trop embrasse mal étreint »… Aimer un peu c’est mépriser le reste, aimer beaucoup c’est dénier au peu d’y trouver sa place, aimer à la folie c’est en perdre de vue la raison, ne pas aimer du tout règle la question, aimer tout simplement c’est peut-être s’autoriser à baisser la garde…

Je t’aime, toi qui t’en est allé ailleurs un soir de Février 2018… N’y change rien ceux qui me conseillent de « tourner la page » même si, en l’occurrence, cette exhortation maladroite est, au fond, bienveillante… Chacun lit l’histoire de sa vie au rythme qu’il lui plait. Qui ne relit pas certaines lignes si bellement écrites qu’elles résonnent comme un poème ? Qui ne reste pas rêveur au dernier chapitre, et n’a jamais peiné à en entamer un autre dans un nouvelle histoire ? Cet amour « évanoui » ne s’éteindra jamais et si plus tard un autre devait poindre, il trouverait à sa manière sa juste place sans effacer ce qui auparavant fut si merveilleusement écrit. Me reprocher de parler encore de toi aujourd’hui est incroyablement intrusif et violent, je suis libre d’user de mes pensées, de mes sentiments, de mes émotions comme je l’entends. Si mon bonheur ou ma souffrance vous sont insupportables, il vous suffira de vous éloigner… L’Amour défunt, le Grand, n’empêche jamais de continuer à exister autrement, il est une force inouïe pour affronter l’avenir et y puiser de quoi encore être heureux, différemment, seul ou accompagné ! Il n’y a pas de règles en la matière, chacun fait à sa façon.

Alors, oui, je t’aime toujours mon amoureux !

N’y change rien cette fascinante absence, ce silence qui parfois se fait murmure et ta tombe glacée… Je t’aime sans plus jamais ne pouvoir étreindre que ton âme envolée, que sentir mon corps déserté, que subir mon chagrin impuissant… Je t’aime pour toute cette éternité maintenant devant moi, esseulée… Je t’aime disparu mais bien à l’abri dans mon coeur, je t’aime immobile et froid, ta vie est bien ailleurs où rien ne meurt. Ma respiration se nourrit de nos souvenirs, je t’aime parce que ma mémoire est fidèle, qu’elle me conte notre histoire et se moque bien de l’ivresse du temps qui trébuche et ne se relève pas…

L’Amour ne se résume pas au Passé, il ne se suffit pas du Présent, il est toujours A venir. Je t’aime de toutes mes forces pour qu’une parcelle de moi t’atteigne encore et te rassure, je suis là, toi qui t’inquiétais de devoir bientôt te passer de moi… Je suis là… Ta vie ne se réduit pas à Hier puisque, aujourd’hui encore tu dessines la mienne. Je t’aime furieusement, contre toute attente, contre l’absurdité du destin, contre l’oubli qu’adoptent si aisément les autres, ceux qui n’étaient pas nous… Je t’aime parce que c’est la seule chose que je peux encore faire pour toi, parce que tout s’y oppose et que rien ne m’en dissuadera.

Je t’aime en essuyant mes larmes, je t’aime pour tout et pour rien, je t’aime sans discussion, passionnément, en silence ou à travers les mots qui rythment les battements de mon coeur, je t’aime parce que c’est comme ça, que tu es ma chance et ma félicité, parce que rien, au fond, n’a d’importance, parce qu’il ne suffit pas d’un chiffon pour effacer l’ardoise, et aussi parce que la beauté cachée des choses ne se dévoile qu’à ceux qui y croient et prennent la peine de la chercher dans les plus infimes fissures…

Je t’aime pour toujours, parce que autrement ça n’est pas suffisant, parce que rien n’est jamais de trop pour toi, parce que je n’ai rien d’autre à ajouter… Je t’aime pour ce que tu ne pourras plus jamais ni faire ni me dire, pour traverser ces cloisons diaphanes que la mort tente de dresser entre nous, pour ta main qui tenait si tendrement la mienne, pour cet instant où s’effondre le soleil et pour ce rayon vert qu’on cherchait sur l’horizon de la mer, pour ces instants de bonheur qu’on n’aura jamais plus, pour ceux qu’on aurait tellement aimer encore partager Si...

Je t’aime pour ôter la poussière, pour rallumer les lumières, pour élucider ce mystère, pour tes mèches de cheveux bouclés que la maladie t’avait volé, pour tes baisers sur mes lèvres, pour ton sourire narquois quand tu me taquinais… Je t’aime instinctivement, incroyablement, éperdument, définitivement, indubitablement… Je t’aime parce qu’aucun autre mot n’existe pour le dire, parce qu’écrit ou prononcé il réclame son jumeau, parce que si j’en ai usé des tonnes il m’en reste encore et encore que je ne peux prononcer que pour toi, parce que je suis certaine que tu les entends même quand je les dis tout bas, parce que ta mort n’a pas plus de sens que celui qu’on veut bien lui accorder, et qu’elle peut bien me donner tout le fil qu’elle veut à retordre que je refuserai à jamais de m’avouer vaincue…

Je t’aime, conjugué à tous les temps et en toutes saisons, je t’aime sans hésitation, parce que je ne sais pas faire autrement, parce que c’est ta force et la mienne, pour que jamais tu ne l’oublies, et parce que c’est comme ça !…

A Jean-Claude, mon amoureux (+ 2018)

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