Depuis un moment déjà la nuit a déposé son voile noir sur mon jardin endeuillé d’une journée… Je n’ai pas descendu mes volets, j’aime les reflets gris dont Dame Lune éclaire mes fenêtres, car même dans l’obscurité subsistent certaines lumières… Une branche de lilas bercé par le vent danse et se mêle aux ombres familières qui hantent le pourtour de la maison. C’est une heure fragile, où l’imagination fait la part belle à l’inquiétude, l’horizon, en se rapprochant nous suggère de craindre on ne sait quoi…

La fleur d’ivoire se balance, sa blancheur clignote au rythme de l’astre et des ténèbres, elle va de l’un à l’autre sans jamais pouvoir décider de qui espérer le meilleur des portraits… Son ballet fantomatique me fascine, me voici captive d’une efflorescence d’opaline, c’est m’hypnotiser que tente Éole et je crains bientôt de m’endormir dans les bras de ce séducteur de lilas…

Une branche bercée par le vent danse et se mêle aux ombres lunaires qui seulement pour quelques heures cerneront la maison. C’est une dérobée spectrale où flux et reflux se donnent la cadence, une valse fantastique pour séduire Morphée, il me faut oublier ce maudit lilas qui m’entraine dans mille songes égarés, fermer les yeux, me détourner de cette sarabande machiavélique, ce lilas, finalement, à la nuit tombée, n’a vraiment plus rien de romantique…

Demain matin mon arbre aura recouvré le teint de lait qui sied aux ingénus, il jouera les innocents sous la douceur du printemps, à moins que la pluie qui toute la nuit n’aura cessé, n’ait maquillé de rouille ses fleurs virginales, aussi lui faudra t’il, plus tard, renoncer à m’inquiéter, car la lune ne saurait plus comment lui donner d’aussi chimériques reflets…

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