C’est un autre soir sans toi, comme tant d’autres avant celui-ci. Et pourtant je vis… Trois années ont passé, sans te voir ni te toucher… Je ne savais pas comment survivre à Ça… Et puis, jour après jour, curieusement, je suis toujours là…

C’est une année de plus qui m’éloigne davantage de « nous », je serre à m’en briser les doigts ce ruban d’amour qu’ensemble nous avions tissé, que toi aussi, quelque part, ailleurs, tel un lien, avec moi tu retiens…

Où donc es-tu ? Moi qui te ressens, ambigument, ici et autrement, que ne suis-je apaisée quand tu as pris la peine de m’en assurer ? Insatiable des signes dont tu m’as fait la grâce je me devrais d’être sereine…

Je continue mon chemin seule. J’ouvre les uns après les autres les écrins où sont protégés nos souvenirs, je sais notre amour assez puissant pour les y retenir, jamais je ne suis quelque part sans toi.

Depuis que tu as franchi le Seuil, je n’ai plus peur de l’enjamber à mon tour, et si demain il est l’heure, s’il te plait, n’oublie pas de venir me chercher, je t’attendrai… Ne fais pas attention aux larmes qui ce soir noient mon regard, tu sais bien que je ne suis encore qu’une chair fort encline aux vains émois, je garde précieusement ce que tu m’a offert pour tenir bon tout ce temps que je vais devoir apprivoiser jusqu’à nos retrouvailles.

Depuis ton départ me voici devenue bien plus exigeante, plus précise et plus attentive à mon Projet, appliquée à ne pas gâcher ce qu’il me reste de temps pour améliorer le peu que je suis ou que je vis à ma toute petite échelle. Mais « qui peut le plus peut le moins »... Je prends soin de « ma » vie, et ce faisant, de la vie des autres tout autant… J’ai ce besoin pressant de prendre « mon temps », de mieux comprendre le pourquoi du comment, d’en tirer des leçons, de prendre du recul et de m’éloigner de tout ce qui n’est pas authentique et sincère. Je n’ai plus de temps à perdre, et juste ce qu’il me faut d’énergie pour me libérer d’un reste d’entraves. La délicatesse m’importe, comme le silence et ce temps de latence entre deux résolutions. Il faut bien parfois réfléchir à ce compte à rebours enclenché, je ne veux en user qu’à bon escient pour ce qui me semble essentiel avant de passer de l’autre côté du miroir. Je voudrais apprendre encore, terminer « mes devoirs de vacances » à temps, et pouvoir regarder derrière moi sans regret.

Si chacun pouvait croire en d’autres lendemains, vivre en n’ayant jamais honte de ce qui a parsemé son chemin, réfléchir à la portée de ses actes au quotidien ?… Mais sans doute faut-il presque toute une Vie pour réaliser combien elle est précieuse, traverser quelques épreuves, affronter de grands chagrins pour en apprécier quelques moments de grâce, et, la reconnaissant enfin infiniment riche d’apprentissages et de connaissances à portée de soi, réussir à l’aimer telle qu’elle nous est proposée afin d’en extraire la quintessence….

A Jean-Claude.

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