Un jaune Sirocco, lassé du Sahara et de son immensité, a déposé ses poussières de topaze sur nos verdures occidentales, en un rien de temps transformant nos sombres forêts en orangeraies bigarrées !

Le souffle puissant des bourrasques sahraouies a chargé les nuages d’aller saupoudrer de sables mandarines tous les pays qui leur sembleraient un peu trop gris. Hier matin ma France s’est réveillée clémentine, du sol au plafond telle une aquarelle à la William Turner. Un voile ambré posé sur les chemins, les champs, les toits tamisât les lumières, d’aucun envisagèrent prématurément quelque apocalypse nébuleuse, d’autres se précipitèrent dans les églises pour vite confesser tous les péchés qu’ils auraient été, sur le champ, contraints d’expier… Pour ma part je me suis contentée d’admirer la tournure qu’avait pris la nature toute d’ocre habillée. Une douceur inaccoutumée s’était emparée des pierres qui ne me paraissaient plus ni si calleuses ni si angulaires, quand certains déambulaient en apnée, je respirais de grandes goulées dorées, la ville sous la nuée safranée se la jouait « vaisseau fantôme », et si quelque chose avait de quoi effrayer, c’était le regard inquiet de ceux qui s’interrogeaient encore sans se douter du tour qu’un vent de sable leur avait joué !…

Ce matin le ciel a retrouvé son air maussade de février, le chergui saharien s’en est retourné chez lui nous abandonnant à nos grisailles rassurantes… N’en restent que quelques vagues sableuses oubliées sur nos terrasses et nos jardins, la pluie a lavé les toitures, les guimbardes et nos museaux de froussards…

Dis, beau Sahraoui, quand reviendras-tu colorer nos vies d’un peu de ton Orient cuivré et lumineux ?…

3 Replies to “Sirocco l’aquarelliste…”

    1. Merci Marie-Jo, il est vrai que l’atmosphère pouvait être ressentie anxiogène… Mais j’ai aimé son côté fantomatique et étrange… Bonne journée.

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