L’âge en vous chipant votre énergie, vous offre du temps « retrouvé », c’est un cadeau rare que celui de se voir offrir ce possible recul sur l’instant présent longtemps empli d’urgences et de confusions…

Je me suis longtemps interrogée sur cette éternelle dualité dans laquelle presque toutes les religions, « éducations » ou philosophies nous entretiennent. Le Bien ou le Mal, le Paradis ou l’Enfer, le Blanc ou le Noir, peu de place pour « l’empire du Milieu »… C’est peut-être, en regardant le monde, que l’Amour nous élève tandis que la Haine n’est qu’un effondrement sur nous-mêmes. Ce simple constat pourrait expliquer l’épée de Damoclès toujours suspendue au-dessus de nos agissements, une façon maladroite et binaire d’encadrer ce que notre existence terriblement libre d’être ou de ne pas être bienveillante, se trouve dans la capacité de construire ou de détruire…

Beaucoup autour de moi sont « morts« . Outre les chagrins qui vont s’accumulant, quelle profonde réflexion suscite cet état « d’absence définitive » dont la plupart d’entre nous redoutent l’avènement… Ce qu’on ne peut appréhender engendre forcément l’effroi.

Une solitude croissante, un questionnement abyssal se sont emparés de moi dès leurs premiers « éloignements », cependant il ne s’agit pas de ceux qu’on redoute et qui vous laissent transi de froid ou d’abandon, ce sont de vieilles connaissances qu’on a parfois du mal à cerner, qui vous accostent tantôt timides à petits pas, tantôt brutaux et sans égards…

Ces « vides colossaux » sont d’abord des cassures du Temps : il y aura dorénavant « l’Avant » et « l’Après »…

Cette sorte d’isolement s’accommode de vous savoir bien entourée. Il se nourrit à l’aune de ce qui vous fait du bien, son ombre se chauffe aux rayons d’amour et de lumière que vous laissent ceux qui se sont « éclipsés ».

C’est grâce à ce « léger battement de cils » que je peux sereinement écouter l’écho des âmes aimées et familières. Elles m’accompagnent discrètement sur le reste du chemin qu’il me reste à parcourir sans elles « humainement vivantes ». Je le sais, parce qu’une en particulier me l’a dit d’une voix claire et familière quand je n’avais pourtant rien exigé, j’avais adapté ma foulée à celles des chagrins qui m’avait rattrapée forts de se repaître de la perte de ceux que j’aimais…

D’un monde dont je ne sais que ce qu’elles ont bien voulu me dire, elles n’en sont pas moins prégnantes et intensément présentes. Je ne tente pas ici de vous en convaincre, cette « perception » ne « me rassure » pas au sens où certains l’entendent, sourire moqueur aux lèvres, ou pariant sur une schizophrénie rampante…Autour de moi nombreux sont celles et ceux qui parfois s’interrogent ou constatent la curieuse synchronicité des évènements ou d’étonnantes intuitions. Je vais bien, aussi bien que je suis capable d’aller, je ne me vautre ni dans mes chagrins, ni ne me réfugie dans quelque chapelle emplie de lots de consolation, je goûte cette précieuse « Quiétude » que l’expérience me donne, je me tiens patiente et consciencieuse au creux de ses mystères, je n’attends rien qu’elle ne croit utile de me donner, le coeur aux aguets de ses intimes murmures…

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