C’est un ciel de Toussaint qui couvre la journée d’un manteau de brumes grises, la pluie tout à l’heure rageuse s’en prenait au toit de ma véranda, les pies et les corneilles se tenaient à carreaux un peu plus haut dans les mélèzes du petit bois d’à côté. Dans quatre petits jours Noël ! Quelle drôle de saison nous avons là ! Me reviennent les toits enneigés, les jardins ouatés, les luges trainées, les cris assourdis des enfants excités par le froid et l’impatience de poser leurs chaussons au pied des sapins enluminés… Ce matin rien ne semble indiquer qu’une fête se prépare, pourtant moi, je le trouve beau ce matin désenchanté. Il affiche sa mélancolie sobrement, à quoi bon en rajouter, la nature décolorée s’est chargée d’en définir les contours voilés, la beauté se niche souvent là où on ne l’attend pas…

L’harmonie est gage d’élégance, si je pensais n’avoir plus de larmes, il m’en reste bienheureusement quand la délicate pudeur d’un paysage se pare de simplicité pour m’offrir de découvrir sous des ses maigres attraits de quoi m’émerveiller. Qui se fait désirer sait peut-être davantage se faire apprécier. Un premier regard par le fenêtre pourrait m’attrister, mais en y regardant bien que le monde est beau également dans la grisaille ! L’immobilité des arbres stoïques sous la pluie qui ne désarme pas, le goutte à goutte des larmes sur leurs branches ballantes, la terre abreuvée jusqu’à plus soif, les flaques miroirs où se perdent les nuages trop lourds, les feuilles rescapées que l’eau vernit… Tout est beau dans cette matinée d’Avent, si demain s’invitent les flocons pour enfin nous persuader qu’il est temps d’affréter nos traineaux, pour que luisent encore les yeux de nos petits, je trouverai encore délicieux de pleurer du bonheur de ce que la nature aura trouvé de délicat à m’offrir…

One Reply to “Quand Décembre larmoie…”

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