Bien qu’entourée de verdure, il m’a fallut partir marcher un peu plus loin, les charmilles alentours me faisaient soudain l’effet d’un étranglement… Un lainage passé je suis descendue plus bas au bord de la rivière, espérant retrouver dans la mouvance des flots celle dont on nous prive depuis un moment…

Las, quelques pas ont suffit à me convaincre qu’elle n’était pas davantage là-bas… Pourtant, alors que je m’appliquais à cheminer nonchalamment en soulevant du bout des pied le tapis de feuilles recouvrant les allées, je me suis surprise à ressentir un puissant déferlement de joie, une énorme et revivifiante bouffée d’oxygène, quoi ?… Qui l’eut cru ?… Une telle sensation de liberté à fouler le gravillon d’une esplanade déserte ? Et ce discret désir de rébellion assouvi en dépassant juste de quelques mètres le périmètre d’éloignement que la loi m’avait imposé ?!!!

L’enthousiasme s’est vite estompé, la promenade s’enroulant sur elle-même rétrécissait mon « territoire » et coupait mon élan ! J’ai rebroussé chemin, nulle barrière pourtant n’entravait mon chemin, si ce ne sont les lisières invisibles qu’un décret avait dessiné sur un plan qui part de ma maison et va en s’essoufflant !…

« Le temps était fini où les jours se succédaient vifs, précieux, uniques : l’avenir se dressait devant nous, gris et sans contours, comme une invincible barrière » (…). Primo LEVI

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