Il dépasse à peine des houppiers du petit bois d’à côté. De ma fenêtre je ne peux le nommer car de moi il est trop éloigné. Depuis des années il aspire à s’approcher au plus près des nuages qui tapissent le ciel entre deux éclaircies. L’automne a ses lumières qui donnent des blondeurs au feuillage palissant. C’est une toison ondulante d’ambre vénitien, une cascade d’ocre rouge et de safran que peigne la brise en se levant.

Les épicéas font grise mine, obligés qu’ils sont de côtoyer cet effronté qui se parera d’or jusqu’à l’hallali ! L’arbre épuisé, vaillamment n’en montrera aucun signe, juste concédera t’il quelques larmes quand à la fin il lui faudra bien rendre les armes : mais de sa cime dénudée il saluera vaincu mais honorable, le tapis fauve élégamment disposé à ses pieds enracinés… Les épineux gardant leur verdure bon an mal an ne se réjouiront pas plus longtemps de leur piètre victoire, eux savent bien qu’ils leur faudra aussi passer l’hiver avant que de voir poindre quelques jeunes verdures à la pointe de leurs branches.

Dès que la moindre lueur farde l’aurore, l’arbre flamboyant au dessus des autres mornes frondaisons, « mon » arbre me chuchote du matin jusqu’au soir, du bout de ses feuilles frissonnantes, qu’il ne faut jamais perdre espoir, il est, sur le bord du chemin caillouteux, cet improbable rayon de bonheur de l’avant-dernière heure, l’étincelle qui, peut-être, suffira à apprivoiser la froidure et à concilier les souvenirs et l’avenir…

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