Hier…

Je peine à sortir la tête hors de l’eau…

J’affronte ce vide infernal qu’est l’absence d’un être.

Hier encore, calé entre les oreillers que j’avais disposé pour que ton dos s’apaise, tu dormais à longueur de journée, laissant échapper un profond soupir quand, pour faire provision de toi, je caressais ton petit corps affaibli, inquiète de ces sommeils diurnes et funèbres…

Ma caresse sans doute te rassurait, même si tu savais bien que je ne m’éloignerai pas de toi… Jusqu’au bout nous nous comprenions, cette connivence qui faisait que je savais, sans mot, sans bruit, ce dont tu avais besoin. Tu comptais sur moi, et moi je grappillais le moindre sursaut d’énergie comme une gourmandise défendue, fallait-il vraiment ce compte à rebours qui des semaines, puis des jours, et ces heures ignobles d’« avant » qui me laissent exsangue et démunie ?… Je te croyais éternel, petit « grenouille », je n’avais jamais imaginé qu’un jour puisse se lever sans toi…

Tant d’épreuves ont zébré nos quinze ans et demi de bonheur… Qui aurait pu mieux être là, comme toi, avec tant de tendresse, d’amour, sans jugement, juste là avec moi, parce que la vie nous avait réunis et qu’elle avait pour une fois, drôlement bien fait les choses !

J’ai n’ai pas fait la maligne hier soir, en te serrant dans mes bras… J’ai tenu à être là, à recueillir ton dernier soupir, comme une nécessité absolue en remerciement à tout l’amour que tu m’as offert sans rien attendre en retour. Tant d’autres que toi donnent sans compter et n’en sont pas remerciés… Je sais bien que ta vie fut douce, et la mienne aussi du coup, si je n’ai jamais manqué du soutien de mes enfants ou de mes amis, et il n’y a là aucune comparaison ni graduation à faire, quelques soient les évènements qui jalonnèrent notre histoire, c’est toi qui m’attendait, toi que je retrouvais, toi qui m’assurait cet indispensable refuge d’amour quelque soit la couleur du ciel… Je sais ce que je te dois petite boule de poils et de tendresse, t’ai-je suffisamment donné en retour, non qu’il s’agisse de peser les choses, mais t’ai-je aimé comme il le fallait, comme tu l’as, toi, espéré ?…

Tes yeux jusqu’au bout au fond des miens, t’ai-je trahi à moins que le destin qui nous a unis ne m’ait pas donné d’autre choix que celui là ?… Pardon mon petit chien, pardon, je me suis amputée de ton souffle, et cette solitude absolue, je dois maintenant apprendre à la côtoyer… Ça ne s’apprivoise pas le vide, ça se subit, avec le vertige qui l’accompagne et fait perdre pied ! A jamais fragile, à jamais SEULE, et toi parti je ne sais où, peut-être dans ce grand TOUT de Bienveillance qui, s’il existe ne doit pas faire de différence et englober toute la beauté du Monde… Je le crois davantage chaque jour, parce que tant d’amour ne peut disparaitre parce qu’un cœur s’arrête de battre et que mes roses pleurent leurs pétales…

A Viktor, ma « grenouille »… 30 Décembre 200415 Juillet 2020

2 Replies to “Même mes roses pleurent…”

  1. Mon commentaire tardif ne diminue en rien toute l’affection que je vous témoigne pour tenter de réduire votre peine.
    Mon « chien-chien » à moi est encore là. L’entourage poilu de ces yeux et de son nez blanchit désormais.
    Ses yeux ne se rident pas et sont toujours emplis de malice bienveillante.
    Mais combien de temps encore ? Et tous les jours, j’y songe, maintenant.
    Ce sera, comme vous, un vrai vide.
    Alors, écoutez ce … discret murmure de l’escalier de bois !
    Je vous embrasse.
    A.

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