Le vieux rhododendron rose, béat, ouvre grandes ses fleurs en respirant l’ondée bienvenue, ses branches arthrosiques semblent s’étirer vers la douce fraîcheur de ce matin humide. Le jardin en avait tant besoin de cette manne désaltérante ! Le voilà ravigoté, mieux disposé à s’épanouir tandis qu’il avait dû endurer la terre sèche et poussiéreuse par cette curieuse « chaurée » d’Avril.

Mon cocon de verdure a repris ses couleurs printanières, elles s’habillent d’un voile duveteux dans cette matinée frisquette, la lumière tamisée par un ciel encore larmoyant l’éclaire comme un « Vermeer » qui hanterait ses allées ébouriffées…

La terre grise s’est teinte en brune, au diable toute blancheur qui trahirait son âge et creuserait ses rides, la voilà encore fertile et d’instinct protectrice des promesses en son sein. Les oiseaux se sont tus, engourdis sans doute, enveloppés d’une marceline soyeuse jusqu’aux jours meilleurs… Quelque chat trace un sillon sombre dans l’herbe mouillée, un moineau s’échappe d’une brassée d’ailes vers d’autres buissons plus hospitaliers, un gros bourdon pataud n’a cure de cette bruine et s’en va de pistil en pollen faire son petit marché…

Le potager s’épanouit sous la pluie, l’ingrat joue l’assoiffé alors que chaque soir je lui portais maints arrosoirs ! Mieux traité que ma rocaille qui n’a rien d’une mijaurée, opportune elle se saisit volontiers tout ce que le ciel lui propose pour s’en faire un festin improvisé souvent plein de surprises.

Les ronces évidemment sont à la fête depuis que trop d’eau m’a fait poser mon sarcloir et ma pioche. Elles se pavanent, fières de savoir faire feu de tout bois ! Pousser plus vite que les plants consciencieusement repiqués dans le terreau enrichi, et surveillés comme casserole sur le feu, ça les fait hurler de rire ! Elles me narguent effrontément, dressant leurs épines encore vertes, « Ben qu’est-ce que t’attends ? Viens donc si tu l’oses ! » Minute papillon, je ne vais pas tarder, « rira bien qui rira le dernier » !

Un rayon s’est glissé entre deux ondées, le ciel tente un bleu délavé avant de renoncer à parader, quelques gouttes encore viennent de s’inviter. C’est encore un peu Avril en Mai, Jean qui rit puis Jean qui pleure… Gourmander ces deux compères ne sert à rien, il faudra attendre quelques jours pour que les « glaces » épuisées autorisent le mois mieux installé à faire un peu comme il lui plait, Avril en sera pour ses fils, et Mai fera bien comme il voudra !

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