La route enlace les champs, caresse les fermes, il faut rouler doux et anticiper les possibles irruptions de chats ou de chiens, à la nuit tombante, celles des chevreuils sortis de la quiétude des bois. Seuls les phares de rares automobiles fendent un instant l’obscurité dont ils s’enveloppent prudemment.

Au fil des jours, je me suis familiarisée avec ce nouveau paysage, je me suis plus en pays inconnu, j’ai de nouveaux repères, et c’est presque sans y penser que je rejoins la route des Bois. J’ai effleuré du regard les couleurs automnales qui se sont posées sur les feuillages, quand les arbres dénudés n’ont de recours qu’au lierre toujours verdoyant, qui ondule et emmitoufle leurs troncs frileux.

Ici, les vaches broutent en enchantant les alpages d’un carillon paisible, au loin quelque chien aboie dans la cour d’une ferme, les montagnes pierreuses font alentours un écrin à leur maison en bois, peu de voisins, mais qui sont devenus des amis, et si l’on marche jusqu’au four à pain on peut apercevoir le lac du Bourget posé au fond de la vallée.

La maison s’enroule autour d’un épais pilastre qui soutient une charpente comme tricotée serré pour soutenir son toit. C’est une yourte, certes, non pas de toiles huilées, mais de bois où se sont appuyées de larges fenêtres et baies vitrées, si bien qu’installée dans le canapé j’avais l’impression d’être dans le jardin, mais bien au chaud à côté du poêle à pellets.

Des poules ont résidence permanente dans un poulailler bien paillé, nourries aux grains elles paient leur loyer en œufs frais chaque matin pour remplir nos coquetiers.

J’ai passé là quelques semaines alors que mes amis partis voyager me l’avais confiée, avec une petite merveille canine qui me prodigua mille tendresses en retour des miennes, sans qu’un instant le mien (de canin) ne m’en fasse le moindre reproche, certain qu’il était d’être celui qui, avec moi, repartirait…

Aussi bien puisse t’on être reçu chez les autres, de retour chez moi, où maintenant l’hiver humide et froid s’est durablement installé, j’ai retrouvé avec bonheur mon propre toit, respiré le parfum de ma maison, et tendrement renoué mes lacets vosgiens… Un rayon de soleil inattendu nacre les sapins d’à côté, un vent canaille décoiffe qui se risque à sortir sans bonnet, on devine l’azur entre les nuages, il est temps d’enrouler une écharpe sur mon manteau de laine, la matinée s’avance, plus bas s’est installé le marché…

Et pour autant, qu’il est aimable d’imaginer la petite route des Bois continuer à se faufiler le long des champs, enlacer les talus, prendre l’élan d’une valse pour mieux grimper sur les coteaux, ou se laisser glisser jusque dans la vallée…

A Marie-Anne et Josée, Philippe et Daniel, Rose et Sylvie, mes amis Savoyards…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *