Il y a ce parc ombragé, où chaque jour nous allions promener Viktor, shi-tsu de son état, où sans toi désormais, je continue de cheminer, espérant à chaque détour de bosquet peut-être t’y retrouver…

Dans ce parc gazonné, il y avait un endroit, où, comme si Attila y était passé, plus un brin d’herbe ne poussait, laissant un petit rond de terre chauve et assoiffé… C’est à ce même endroit, sur une photo retrouvée, que je te vois campé à regarder couler la Moselle et laisser Viktor renifler… Et chaque jour, passant près de ce petit rond de terre grise, d’un trait de fusain chagrin, ta silhouette s’y dessinait rien que pour moi…

Mais Dame Nature dont les meilleurs amis sont les jardiniers affairés, printemps et automne mêlés, n’a pas résisté au plaisir de laisser les graines semées s’épanouir là où elles avaient jadis renoncé… Maintenant que tout a reverdi, il n’y a plus que moi pour te soupçonner d’être encore là, à me regarder passer, désespérée, si cruellement privée de ce petit rond de terre sacrée où j’étais certaine que tu avais bien posé tes pieds…

Comme si l’heure semblait venue de donner un nouveau sens à ma vie, celle que je te dois de réinventer, justement parce que tu n’es hélas plus ici pour la partager, et que le courage dont tu as fait preuve m’interdisait d’en montrer moins que toi…

Alors, si ce petit rond de terre grise n’existe plus que dans le secret de mon cœur, si pour tous les autres le temps a passé autrement et bien plus rapidement que pour nous en gommant déjà leur tristesse, je sais qu’aujourd’hui comme demain, ce petit coin de nous, ce petit rond de toi ne s’effacera pas…

A mon amoureux…

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