Un voile d’organdi recouvre le jardin et les collines alentours… C’est un petit matin gris…

Le soleil fait la grasse matinée et tarde à réchauffer l’herbe toute mouillée de rosée. Pas le moindre gazouillis, pas un seul envol à tire d’ailes, rien qu’un silence cotonneux que nul ne songerait à briser.

Les petits matins gris s’étirent paresseux jusqu’à ce que la lumière réussisse à se frayer un chemin dans la bruine dont seul le sous-bois semble à peine s’affranchir…

Sur le pas de la porte l’air parait doux, mais dès qu’on le passe une petite laine s’impose. De rupines araignées s’accrochent à des toiles pavées de minuscules brillants, les plantes ploient sous l’humidité, les boutons ne s’ouvriront pas aujourd’hui, les pétales s’y sont retranchés à l’abri de ce frisquet petit matin gris…

Tout est immobile, même le potager semble figé sous la grisaille, seuls les escargots et les limaces baveuses zigzaguent entre les salades, ivres des granules bleues assassines, pour s’en aller trépasser sans plus jamais ressentir la douceur printanière recroquevillée sous ce petit matin gris…

Un chat s’est tapi sous la haie, plus à l’abri des gouttelettes qu’à l’affût de quelque oisillon tombé du nid, ce n’est ni l’heure ni le jour des apprentissages, les moineaux ont gonflé leurs plumes et se serrent somnolents bien au chaud, au creux des brindilles tressées sur la branche…

Les petits matins gris n’en finissent jamais d’éteindre et de griser tout ce qu’ils effleurent d’une caresse brumeuse, seul un souffle de zéphyr parviendrait à soulever ce voile… Et, les petits matins gris céderaient aussitôt leur place à de petits matins pimpants qui redonnerait des couleurs à ma campagne…

 

 

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