A faire la maligne à chaque coin de rue, à caqueter sur un canapé ou à faire son intéressante derrière un bureau, tapie dans une cour de récréation, à gueuletonner au restaurant, à conduire comme une folle sur l’autoroute ou à se pavaner dans la ville qui grouille et bruisse jusque tard dans la nuit…

Elle vous surprend au détour d’une conversation, vous atterre quand elle s’exhibe inepte et sans pudeur, quand, sans aucun discernement, elle s’empare de ceux qu’on croyait intouchables, quand,  bornée, injuste, brutale, elle freine un progrès… Elle est là, dans votre entourage, dans votre famille, elle se camoufle comme elle peut, mal, car, justement, elle n’est pas très maligne…

Elle use votre volonté de bien faire, méprise les compétences, piétine le bon sens, n’a pas de jugeote et aucune mémoire, elle pense de  traviole…

La lucidité n’est pas son fort, toute forme de logique lui est étrangère, de pondération elle n’a point et de philosophie celle d’ignorer toute possible ouverture de l’esprit…

Elle n’a aucune éducation, parle haut et fort, ne se remet jamais en question puisqu’elle est toujours certaine d’avoir raison…

Elle n’entend rien à rien mais est persuadée du contraire… Elle a fait son adage de ne se préoccuper que de son nombril, si fière de ce qu’elle est qu’elle en méprise la plupart du temps toutes celles et ceux qui restent sans voix devant son aplomb surprenant…

Le dictionnaire la nomme presque à chaque fois au féminin : « connerie, crétinerie, idiotie, ignorance, imbécilité, ineptie, inintelligence, nullité, pauvreté d’esprit, sottise, stupidité »… vieille manigance d’académiciens qui ne manquent pas de toupet en voulant éviter aux garçons d’avoir à la fréquenter… Cependant, on sait depuis longtemps qu’ils sont friands de compliments et que du coup, ils tombent souvent à pieds joints dedans…

Friande d’ignorance, elle néglige tout apprentissage, fait ses choux gras de rumeurs, se vautre dans « l’à peu près » pour mieux servir sa meilleure amie, la médiocrité…

Elle qui devait se contenter de grignoter à l’ombre des lumières se voit soudain proposer un festin en ce siècle qui à peine naissant baisse déjà l’abat-jour…

La voilà plus triomphante que jamais, à faire sienne toute certitude qui puisse anéantir le peu de raison qui reste à ce monde en perdition… Elle esquive, elle manipule, elle drague plutôt qu’elle ne séduit,  elle presse et oblige, elle convainc, la voilà, rampante, croissante, immense, terrifiante,  et toujours si aisée  : la bêtise…

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