Trois longues journées d’apnée, où le temps suspendu à un diagnostic vous dicte son rythme et pèse des tonnes…
Où plus rien n’a d’importance puisque plus rien ne semble avoir d’avenir…
Où les priorités se redéfinissent en fonction de sa capacité à maîtriser l’état de son moral, qui oscille entre les bas-fonds infernaux et l’espoir insensé qu’un miracle peut encore avoir lieu…
Dormir. Ne pas y parvenir. Réussir à s’assoupir, un moment, se réveiller et subir cette horrible seconde où tout vous revient et vous engloutit dans une angoisse sans nom… Ne plus avoir d’énergie, sauf celle de ne plus bouger un cil, comme si l’immobilité pouvait empêcher la peur, que dis-je, la terreur… Se trouver bien peu courageux, et craindre de ne pas savoir conserver sa dignité devant l’inconnu… Reprendre son souffle, penser à ceux qu’on aime et se jurer de leur offrir un visage rassurant…
Prier tous les dieux et promettre l’intenable, supplier la Providence de faire une exception, trouver mille raisons de garder confiance, et des millions d’autres de s’affaler dans le plus sombre des désespoirs…
Regarder le chemin parcouru, et ne plus être capable d’en imaginer un autre sans douleurs ni renoncements de toutes sortes. Pire, songer que tout près rôde la Camarde, qui seule a déjà décidé de votre heure… La Sournoise imagine tous les possibles pour avoir raison de vos amours, de vos intentions, de vos espoirs… Quand toute séparation est un manque et parfois une angoisse, que dire de Celle qui se dit infinie?…
Se promettre de redonner un véritable sens à sa vie, d’y faire un ménage sans concession, de ne plus s’imposer les fâcheux, de ne plus s’obliger qu’à l’indispensable, décider d’être indulgente pour soi-même et de se protéger enfin des attentes, exigences et curiosités des « autres »…
Trois jours dans l’obscurité, où la lumière du jour semble voilée de chagrin et d’inquiétudes, où tout projet est gelé, comme si la vie basculait au ralenti dans un puits sans fond…
Puis soudain une phrase où tout se résume en trois mots : « Tout va bien« . Tant de tension ne retombe pas en un instant. Il faut curieusement se convaincre qu’une réalité plus douce nous est proposée… Après ce temps entre parenthèses, voici revenir celui ‘d’avant », ou presque comme avant… Combien de temps justement tiendront les promesses que la peur avait enfanté comme autant de talismans et de possibles conjurations ?… La tranquillité d’esprit est d’une ingratitude inexcusable mais fréquente. Oublier parait un refuge confortable, c’est le fameux déni de ce qui fâche, on ne retourne pas si facilement sur des rives inhospitalières, seul notre miroir osera nous rappeler parfois ce à quoi nous nous étions engagés, seules les drames qui nous frôleront ou qui frapperont à côté, en nous donnant la chair de poule, nous mettront en garde : Souvenez-vous : « ça n’arrive pas qu’aux autres », et bien modestement concentrez vous sur l’essentiel…