Les « bonnes sœurs » ont participé à mon éducation religieuse et scolaire.
Sans vraiment savoir pourquoi, par discipline sans doute, et manque de maturité, j’ai longtemps adhéré à cet enseignement, qui, pour tout dire aujourd’hui, me semble plus proche d’un modelage de notre pensée à l’ âge où tout en nous ne demande qu’à apprendre et à mettre en pratique.
Si dans mon cas, les dégâts dus à cet apprentissage ne furent pas bien graves, ils me virent souvent pieds et poings liés face à des situations que j’aurai réglé plus rapidement et plus simplement sans cet amidonnage judéo-chrétien qui me rendait coupable de tout et de rien, la culpabilité étant l’outil indispensable pour toute « dictature » qui, si petite soit-elle, n’est jamais insignifiante !
Je ne sais encore aujourd’hui que penser de ce besoin de croire en quelqu’Un qui serait LA solution à tous nos problèmes existentiels, ni pourquoi nous avons besoin d’être « dominés » comme pour nous affranchir d’avance de nos errements ?… Je ne suis pas théologienne, et ne connais pas les arcanes des principales religions qui mèneraient cette danse macabre ces derniers jours… Je ne sais pas moi-même en qui je crois, en l’Humanité encore, en l’incroyable chance que nous ayons simplement d’exister, quand on imagine à peine l’infime probabilité que cela puisse être !
A mon sens, les religions ne sont pas en elles-mêmes responsables des terrorismes qui s’en inspirent. Comme d’habitude, c’est l’Humanité qui les invente par faiblesse, manque de confiance en elle, puis les détourne, les abime, choisit des raccourcis faciles, parfois ignobles… Les dieux n’en demandaient pas tant, comme le disait si drôlement Charlie… La bêtise est le nerf de la guerre des idéologues de tous poils, et contre la bêtise, quelle arme ?… L’éducation devrait être la réponse, à condition que cette éducation soit « intelligente », vaste sujet…
Bien sûr, « je suis Charlie » !
Cependant, je ne le lisais pas, ou rarement, je n’étais pas toujours d’accord sur sa ligne éditoriale, loin de là, mais Charlie avait le mérite d’exister, et de faire vivre cette précieuse Liberté d’Expression à laquelle nous tenons toutes et tous !
Être Charlie, ce n’est pas suivre comme un mouton un mouvement dicté par l’actualité dramatique de ces derniers jours. Être Charlie n’empêche en rien d’avoir du discernement, de la jugeote, de la réflexion, de la circonspection.
Être Charlie, c’est faire abstraction des clivages quels qu’ils soient, et affirmer haut et fort notre volonté de sauver nos libertés chèrement acquises et que nous finissions pas croire intouchables, tant nous les trouvions normales et habituelles !
Je suis, comme beaucoup, l’évolution des situations dramatiques qui ont fait de ce début d’année le théâtre d’assassinats odieux et inacceptables.
Le rassemblement spontané autour de la défense de nos libertés ne devra pas s’éteindre aussitôt ces évènements « terminés ». Car hélas, il est à craindre que d’autres attentats ne se produisent. Je n’ose ni les prédire, ni les occulter, la tentation serait grande de ne plus bouger un cil, comme si cette immobilité pouvait nous protéger. Je crois au contraire, qu’il faut bouger, parler, échanger, rassurer, agir. Mais dans le calme et la réflexion. Qu’il faut éviter tous les amalgames simplistes, qu’il ne faut stigmatiser personne, mais être vigilant, responsable, posé, et qu’à cette violence aveugle ou dirigée, à cette haine, l’Histoire nous a toujours appris que l’ « œil pour œil, dent pour dent » n’a jamais rien résolu, et que les extrémismes de tous bords, qui ne manqueront pas de profiter de l’aubaine, ne l’ont jamais fait avancer dans le bon sens !!!
Ces lignes n’ont aucunes prétentions politiques ou moralisatrices. Elles enfonceront bien des portes ouvertes, mais justement, dans ces moments graves, ou la panique, parfois l’hystérie peuvent occasionner des réactions inconsidérées, et sans doute vite regrettées, mais trop tard, il n’est jamais vain de dire les choses simplement.
Alors, ce soir et pour aussi longtemps qu’il le faudra pour, à ma toute petite échelle, lutter contre l’ostracisme et l’obscurantisme, OUI
JE SUIS CHARLIE !