Le discernement…

Savoir reconnaître distinctement la nature ou la valeur des choses ou des personnes est un atout essentiel pour ne pas dire indispensable pour vivre en société.

Cette capacité  tient tout autant à l’éducation et donc à l’apprentissage, qu’à l’expérience qui en découlera jusqu’à devenir une sorte d’instinct.

Discerner, ou faire la distinction par l’esprit, par « l’intelligence », pour mieux décliner nos comportements en fonction des circonstances et des personnes qu’on a en face de soi.

Pélagie de La Charette dit que si « l’intention seule compte, un brin de discernement de temps en temps aiderait considérablement »… Le discernement permet d’éviter tout excès, prévient les erreurs, car il exige quelque distance avec le sujet ou l’objet qui nous occupe… La Bruyère affirme que  » Nous sommes trop éloignés ou trop proches pour être dans la distance qu’il faut pour en faire un juste discernement »…

Le manque de discernement est insupportable et me semble un handicap sévère pour mener à bien toute communication : Fénelon, pour sa part,  n’hésite pas à souligner que « Les gens qui n’ont point de vrais discernements des esprits, vont toujours comme à tâtons ; c’est un hasard quand ils ne se trompent pas ! »…

– On vous confie quelque chose d’important, faut-il préciser encore ?: « Je te le dis, mais surtout ne le répète pas… » ou « Je serais à ta place, je n’irais pas les voir »… « Surtout ne lui téléphone pas, elle ne veut parler à personne »… Etc… Autant d’indications sur la façon dont on voudrait que vous vous comportiez…

De deux choses l’une, ou l’on vous sait fiable à cent pour cent, ou si le moindre doute existe, on ne vous dit rien, le mode d’emploi est superflu ! La précision est blessante car elle implique forcément qu’on ne vous a pas différencié, ni ressenti capable de garder un secret !

Ce manque de discernement vient souvent du fait qu’on ne prend pas le temps de réfléchir ni de prendre la mesure de notre entourage. D’ailleurs on ne prend plus le temps de grand chose, l’urgence ambiante favorise parfois l’ incorrection et la bêtise qui sont les sœurs jumelles de cette carence pouvant conduire à la confusion, voir à l’incompréhension, et aux querelles sans réel fondement !…

Pour ma part, si je n’ai pas la science infuse, je crois savoir, la plupart du temps, où est ma place, je n’ai pas besoin qu’on me la précise, je suis assez « futée » pour en avoir l’intuition le plus souvent !

Je vous vois venir … L’erreur étant humaine, je ne suis pas plus à l’abri qu’une autre de me tromper… Dans ce cas je suis capable de reconnaître mon erreur, et de me faire discrète… Aujourd’hui, je sais pertinemment quand je suis allée trop loin ou quand j’ai été lâche ! Chez moi, les miroirs ne mentent pas !…

Les dîners sont autant d’occasions d’enrager, quand, veuf(ve), divorcé(e) ou juste célibataire, on vous emmène dans je ne sais quelles improbables galères en vous présentant l(a)e célibataire à caser sans s’interroger sur la pertinence de vous l(a)e présenter alors que vous n’avez rien demandé et que le choix qu’on tente de faire à votre place est plus que défaillant…

Les avis qu’on vous donne sans que vous les ayez sollicités, les réflexions plus ou moins déplacées qu’on vous assène sans autre forme de procès sont autant de maladresses, d’indélicatesses conduisant à vexer sans intention, juste par manque de discernement… Les exemples ne manquent pas…

Alors qu’avec un peu de jugeote, il est relativement simple et aisé d’apprendre à cerner l’autre, tant d’indicateurs et de signaux sont là pour ça, pour vous permettre d’apercevoir, de ressentir qui se trouve en face de vous, et grosso modo ce qu’elle (ou il) attend, espère ou redoute…

Mais si vous avez, vous, ce sens du discernement, et que par conséquent vous savez qui et comment remoucher, ou qui il vaut mieux abandonner à sa cruelle sottise, selon à qui vous aurez à faire, vous serez promptement taxé(e) de pimbêche ou de prétentieux, ce qui sera l’ultime preuve de ce manque de discernement…

Rien ou pas grand chose ne changera quoique ce soit à l’affaire, hélas, car celles et ceux un tant soit peu concerné(e)s  ne se reconnaîtront évidemment pas…

 

« La trop grande subtilité est une fausse délicatesse, et la véritable délicatesse est une solide subtilité ». François, Duc de La Rochefoucauld (Réflexions ou Sentences et Maximes morales – 1664)

 

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