La timidité du soleil d’ici est presque légendaire, et quand il réussit à briller sans qu’aucun nuage ne vienne voiler sa détermination, il ne nous enveloppe pas de la même chaleur que celle dont il accable les bords de Méditerranée ou ceux des plages océanes. De retour à mon bureau, que me semblent déjà loin parasols et sables chauds quand mon horizon désormais ne se borne plus qu’au cadre étroit de ma fenêtre, où l’odeur de l’encre ou du papier glacé a remplacé désavantageusement celle du vent salé et des senteurs marines…

La lumière… Ici comme une veilleuse…

L’herbe reste bien verte sous les rayons humides et ne cède en rien à la terre grise… Moins de pétillement, moins de flamboiement…

Chez moi le ciel a ce bleu délavé qui donne déjà l’idée de la « rentrée »… Alors remontent les souvenirs de vacances littorales, ceux des après-midi vouées à la sieste sur la plage, la brûlure du sable sous nos pieds nus, la fraîcheur de la vague qui nous surprenait à peine aventurés dans les flots, la serviette vite encombrée d’un sable envahissant… Et ceux plus anciens, où déjà le quotidien n’était plus à la fête…

9 ans déjà… Même si la vie me fait chaque jour une fleur en m’offrant de nouveaux bonheurs, même si jamais je n’ai cessé de sourire, l’ombre du passé me poursuit pas à pas, je lui échappe la plupart du temps, mais certains soirs d’été me trouvent moins rapide à l’esquive…

Ce soir ce voile sur le ciel est bienvenu, il recouvre, pudique, les derniers jours d’un mois d’août qui a perdu l’écho estival et joyeux d’antan… Seuls les rires de mes petits-enfants et le serein bonheur de leurs parents savent depuis rendre la pénombre moins angoissante… Seule l’ébauche d’une autre vie plus douce, auprès de celui qui a su apprivoiser mes chagrins et apaiser mes doutes et mes douleurs, a pu, au fil des ans, rendre la charge moins lourde et le cœur plus léger…

Mais la mémoire est une éponge qui jamais n’efface complétement les tristesses, les deuils, elle les rend simplement supportables… A force de les côtoyer,  on se familiarise avec eux pour finir par s’en faire des alliés… Oui, vous me lisez bien… Des alliés… Car eux savent bien qui nous sommes pour les avoir enduré, et chacun d’eux est une cuirasse « sur mesure » qui nous protège des suivants, qui nous arment pour mieux les affronter… Et d’ennemis ils deviendront bientôt, pour peu qu’on distingue en eux de quoi nous faire grandir, sinon des alliés si l’attribut vous choque, au moins la substantifique moelle dont on aura su tirer l’essentiel : davantage de sagesse, un peu plus d’empathie et « d’épaisseur »  et parfois, pour quelques instants magiques, beaucoup de sérénité…

 

A Bernard et à mes enfants, à ceux qui l’ont aimé et qui sont toujours là pour nous…

 

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