Enfants gâtés qui ne voyez pas plus haut que votre nombril, à vous extasier sur tout ce qui brille sans jamais en gratter la moindre paillette qui pourrait vous révéler le vide abyssal de vos centres d’intérêt…
Qui affichez sans complexe vos certitudes sans envisager un instant de vous remettre en question, sans jamais écouter ce qu’on essaye de vous dire, tellement sûrs de mieux savoir que votre interlocuteur de quoi il est question, incapables de la moindre empathie puisque faisant de votre cas particulier une généralité !
Enfants pourris par trop de facilités qui vous ont ôté toute envie de batailler pour obtenir ce qui vous est tombé tout cuit dans le bec, et qui semblez perpétuellement étonnés que pour d’autres ce soit plus compliqué… Epargnez nous vos plaintives récriminations sur tout ce qui touche à vos petits intérêts, regardez plutôt l’horizon et ce que vous pourriez apporter, vous qui avez beaucoup, à ceux qui n’ont pas assez ! Soyez rassurés, votre seuil de confort n’en sera guère affecté !
Que n’avez vous eu la curiosité de vérifier qu’ailleurs l’herbe pouvait être moins verte, que les moins heureux n’en sont pas forcément responsables, pas plus que vous ne l’êtes d’avoir eu si facilement accès aux premières loges… Souvent, ce que vous êtes est le fruit du travail de qui, avant vous, aura su, à force d’énergie et de volonté, se construire un avenir, quelquefois vous avez juste eu plus de chance que d’autres… Quand je vous vois si fiers de vous-mêmes à parader en société, je me demande de quelle foi illusoire vous réussissez à vous convaincre pour vous targuer d’avoir cette relative et dérisoire importance ?…
De quel droit nous affligez nous ce mépris insupportable que vous affichez pour ceux qui, d’après vous, ne font pas partie de « votre monde », sur qui vous portez un regard marri, comme si, pauvres d’eux-mêmes, ils n’avaient rien compris ?…
Vous pensez bien que mon agacement du jour a été provoqué par un énième constat dans un entourage dont, par simple courtoisie, je tairai l’origine… Non, aucune jalousie ne m’anime, rien de ce que vous êtes ou de ce que vous possédez ne me fait la moindre envie, mais convenez que vous entendre las, épuisés à l’idée de devoir faire votre valise pour un voyage sous les palmiers aurait de quoi exaspérer celui ou celle qui ne fera jamais qu’en rêver… Et tant qu’on y est, reconnaissez que vous entendre sans cesse pleurnicher sur la fatigue qui vous accable alors que vous passez vos journées à vous demander comment les occuper…. Non, vous ne me faites plus rire, et oui, je suis en colère, contre vous, vous qui êtes parfois un frein pour ceux qui dans l’ombre font œuvre de générosité et de compassion, parce qu’avec vous rien n’est jamais urgent, en toutes choses vous usez comme bon vous semble de votre temps, sans vous interroger sur la nécessité d’apporter des solutions aux problèmes que vous, vous êtes incroyablement certains de ne jamais rencontrer… Je ne supporte plus aisément que vous vous vantiez « d’avoir les moyens », ou de « connaître du monde », sans jamais ne vous en servir que pour en faire votre « vitrine » … Ni que, sans voir plus loin que le bout de votre nez, vous défendiez becs et ongles ceux de votre caste sans vous demander s’ils ont tort ou raison…
Et cessez de vous croire issus de la cuisse hormonée d’un certain Jupiter ! Infréquentable bande de parvenus à l’égo tristement disproportionné, quand, la plupart du temps, vous avez ingratement « oublié » d’où vous veniez !…
Et pourtant… Si pas un instant ne me vient à l’esprit de vous souhaiter quelque embûche qui vous rendrait plus « éclairés », (quoique, s’il ne s’agissait que d’une toute petite claque de rien du tout, mais serait-ce suffisant ? Certainement non…) Je déplore que vous ne soupçonniez pas que glisser sur l’autre rive pend au nez de tout un chacun, qu’il suffit parfois de bien peu pour que nos vies prennent un virage inattendu et qu’il faille reconsidérer tout ce qu’on pensait immuable…
Je regrette qu’aucune baguette magique ne puisse transformer votre gotha d’égoïstes en société philanthrope, disponible, accueillante et curieuse d’apprendre de ceux qui ne vous ressemblent pas… Douce utopie, certes, mais l’utopie, justement, appartient aux âmes généreuses, si moi-même j’ai pu, en d’autres temps, avoir si peu soit-il, cette attitude autolâtre, je suis heureuse que ma vie, qui a pu m’être un temps laborieuse ou accablante, m’ait facilité la tâche en me mettant dans des conjonctures propres à m’ouvrir les yeux et le cœur…
Personne n’est parfait, mais tout le monde est perfectible… A bons entendeurs !…