Les feuilles roussies ne volent plus au vent. Elles n’en finissent pas de tapisser l’asphalte luisant d’humidité.

Il pleut. Que dis-je ? Il tombe des hallebardes, des cordes, il pleut à seaux, à verse, « ça tombe comme à Gravelotte », bref, il pleut comme « vache qui pisse » !…

Les caniveaux ruissellent en vaguelettes tumultueuses, les larmes d’un ciel brumeux s’épuisent dans les lèvres noires des bouches d’égouts grandes ouvertes sous les trottoirs.

Un voile de vapeur délave le paysage, seules les couleurs les plus sombres subsistent encore aux abords des collines arborées.

La pluie orageuse s’écrase au sol en éclaboussant les rares passants, tandis que, bien à l’abri dans leurs voiture, certains roulent sans scrupule dans les flaques argentées provoquant des jets d’eau inopportuns le long des rues…

Plus bas, la rivière prend des allures de torrent, elle gronde en cascadant le long des quais, les arbres luisent sous l’ondée et mille parapluies multicolores éclosent dans la grisaille. Les chats sont tapis dans les encoignures des fenêtres, les oiseaux font silence, de rares promeneurs font le dos rond et hâtent le pas en frissonnant.

Les gouttes claquent en s’écrasant sur le bitume, les rigoles débordent de roucoulades humides, l’eau s’égosille emplissant l’espace d’un bavardage assourdissant. Pourtant, à travers ce rideau liquide, tout semble désert, quelque tristesse inexpliquée imprègne le quartier , si ce n’est que la pluie en affadissant le paysage, ternit tout autant notre humeur et le regard qu’on porte alentours…

 

 

 

 

 

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