Prendre son élan en courant sur le versant pierreux, laisser le sol se dérober sous mes pieds en retrouvant aussitôt appui sur l’air iodé, enfin, comme si j’avais fait ça toute ma vie… m’envoler…
Tel Icare tutoyer les nuages, regarder de haut les oiseaux, se griser d’altitude, ne point souffrir de vertige ni se plaindre d’un courant d’air… Embrasser le monde dans son entiéreté…
Entendre, en contrebas, le piaulement d’une buse en chasse au-dessus des rocailles et le rire aigre de mouettes rasant la houle…
Trouver les gens d’en bas si petits et l’espace infini, peindre le paysage de couleurs solaires et le poudrer de brumes marines…
S’étonner d’un relief de mappemonde, découvrir les crêtes adoucies et la plage si étroite, les rochers en transparence sous l’onde turquoise, le maquis en tapis moussu et la mer si grande et si bleue…
Se laisser bercer en tournoyant au-dessus des rouleaux, en percevoir le grondement et sentir les embruns salés humecter mon visage… S’enivrer de grand air, croire ce moment éternel et se promettre à jamais de trouver la vie jolie, profiter encore et encore de cette sensation d’apesanteur et de liberté, hésiter entre pleurer ou éclater de rire tandis qu’il faut déjà songer à redescendre, regretter de voir si vite se rapprocher le sol, et dans une dernière valse de vent et de soie, laisser la voile nous déposer sur les sables blancs de La Liscia…
Et surtout, surtout… Dire « Merci » à Jo, qui m’avait pris sous son aile pour ce premier vol en parapente…
« Dès que vous aurez goûté au vol, vous marcherez à jamais sur terre les yeux levés vers le ciel ».
Léonard de Vinci.