Partout ce brouhaha fait de bousculades, de chuchotements et d’éclats de rires, au détour d’une rue un parking se fait théâtre, tandis qu’un trottoir devient planches … Les pavés résonnent de la cavalcade des Goulus, des chevaux en cartons menés par des cavaliers hilarants, de figures en ruades, de reculades en cavalcades, le public s’esclaffe et demande grâce à devoir en rire autant…

Plus loin deux acrobates ont choisi une esplanade pour tutoyer l’apesanteur au-dessus du macadam… La foule impatiente soudain fait le silence, deux corps, l’un contrepoids de l’autre, défient les lois de l’équilibre, plus un bruit, plus le moindre zéphyr tant leur audace nous laisse sans voix…

Un ballon jaune enfle, enfle comme jadis une fameuse grenouille, bientôt plus gros qu’un bœuf, prêt à exploser, la foule retient son souffle, et voilà qu’une touffe de cheveux, puis deux gros yeux noirs, enfin un visage apparaissent en son beau milieu ! L’homme baudruche ou espiègle lutin fait façon de tous les caoutchoucs colorés, les gamins courent tout autour à essayer de les rattraper en vain tandis qu’ils explosent céans ou partent vers d’autres cieux…

Un clown colérique feint de dresser son public à coup de cravache, houspille les gamins en haussant les sourcils et entraine dans son délire quelques paroissiens téméraires à manier le diabolo ou le flambeau, il jongle et fait mine de rater son numéro, déclenchant l’hilarité des petits assis en tailleur sur la place devenue cirque pour l’occasion.

Des comédiens arpentent les rues, leurs harangues portent à réfléchir, quand une armée délirante nous conte l’atrocité des guerres et leur dérision… D’autres nous laissent songeurs ou poètes, quand un danseur à pour cavalier son magnifique cheval noir, des musiciens déambulent avec leurs musiques festives, se posent parfois sur quelque esplanade où se pressent aussitôt les badauds, certains osent même quelques pas de danse…

Un photographe a saisi la Belle Époque, et glisse sur la scène une chambre noire déposant au gré d’une histoire, un, deux, trois ou dix comédiens qui prennent la pose ou sont saisis sur l’instant, leurs visages figés peints en sourire ou en émotion, au fil des glissades d’autres poses ou d’autres costumes, d’autres personnages ou d’autres histoires, avec eux nous voyageons dans » l’instantané » nostalgique et poétique…

Une arrière-cour se fait plateau de télévision, on attend une célébrité, « Julio »,  qui bien sûr ne viendra jamais… Le présentateur s’épuise à meubler l’attente improbable, invente mille fausses raisons, prend à parti les spectateurs, de Charybde en Scylla le voilà obligé d’inventer moultes distractions afin de ne pas contrarier davantage les admirateurs déçus de l’hidalgo … Peu importe qu’il nous parle en italien, le « publicum d’Epinal » de joie est devenu polyglotte ! L’épilogue en tous cas n’en sera que « Les larmes du rire »…

La ville résonne du bonheur que ces troupes joyeuses nous offrent, les gens se croisent et se parlent sans se connaître, le sourire est partout de rigueur, la bonne humeur habille l’entour… On fait connaissance, naissent des amitiés, quand l’humour et le talent réunissent, quelle meilleure augure ?… C’est « le » festival, celui que douze mois durant on attend, c’est Rues et Compagnies, notre fierté à nous les spinaliens, trop heureux de faire des envieux, trois trop petits jours durant nous sommes eux et ils sont nous, et quand vient l’heure de se quitter, croyez moi, ne sont pas loin les yeux mouillés et le cœur serré…

A Isabelle SARTORI, la fée des rues et des compagnies, un grand MERCI !

14,15 et 16 Juin 2013

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