La chaleur lourde du Pays Basque nous avait conduit jusqu’en Espagne voisine.

Entre verdures et flots bleus, la route ourlait de gris le bord de la falaise. Partout des rochers sombres affleuraient l’eau, par là les fonds sont hauts. Quelques vagues formées par la houle berçaient l’horizon.

Nous ne savions où porter nos regards, tant la symphonie des formes, des odeurs et des couleurs rendait le paysage plaisant : les maisons aux fenêtres habillées de linge flottant au vent, les bordures herbeuses et fleuries, les eucalyptus odorants, l’air épicé de sel, tout figurait l’été…

Au détour d’un virage nous apparut Lekeitio, petit port de pêche aux barques et chalutiers multicolores, assoupi sous la canicule d’ août. Là-bas, les habitants se protègent des heures chaudes à l’ombre fraîche de leurs maisons. Le soleil en éclabousse les murs d’une lumière éblouissante, quelques terrasses ombragées et désertes habillent de silence la rade, les boutiques ont baissé  leurs rideaux de fers jusqu’au soir. Seuls des touristes s’aventurent à visiter les lieux au plus fort de la chaleur d’un après-midi d’été…

De plus loin nous arrive l’écho d’une agitation incongrue, curieux, nous nous rapprochons de la place qui entoure la basilique Sainte Marie où s’est installée une fête foraine colorée et cacophonique…

Il ne nous fallut qu’un instant pour décider d’échapper au bruit en pénétrant dans l’ imposante église.

Aussitôt enveloppés de la fraîcheur des pierres, dans le silence et la pénombre paisible des lieux, nous découvrons avec étonnement une architecture somptueuse, d’ inspiration gothique flamande, dont la pièce maitresse est un retable polychrome et doré s’offrant à l’admiration des visiteurs. Nous ne pouvions nous détacher de ces immenses panneaux aux sculptures minutieuses et raffinées. Un tronc recueillait l’obole qui illuminerait l’œuvre pour quelques minutes de plus… Comme pour magnifier cet instant de beauté, sous la voûte s’éleva le chant d’une chorale locale en pleine répétition. Un bouquet de voix claires pour des cantiques religieux auxquelles la langue espagnole donnait une impétuosité et une rondeur magnifiques.

Protégée de l’agitation extérieure, ce bain d’harmonie aussi magique qu’inattendu me fut comme une réconciliation. Non que je me sois sentie particulièrement en conflit ou en colère auparavant… Non, rien de tout cela. Mais la simplicité et la beauté de ce moment de grâce ne pouvait que porter à l’apaisement. Tous les pardons devenaient possibles. Tout m’apparaissait plus simple que je ne le croyais. Trop souvent nos quotidiens nous font oublier la nécessité absolue de l’immobilité et du silence. Savoir parfois se poser, arrêter de s’agiter pour simplement s’assoir et regarder d’un œil neuf ce qui nous entoure… Retrouver la capacité de comprendre ce qui nous façonne, se donner du temps pour s’écouter et  se retrouver…

Et doucement nos yeux se dessillent…

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