Les gens « bien-pensants » me font rire ou me fatiguent selon mon humeur, tous ceux qui « à votre place » sauraient bien mieux que vous ce qu’il faut faire ou ne pas faire !…
J’ai pu observer bien souvent que ces gens là étaient des aigris ou des privilégiés. Quelquefois les deux à la fois tant la prospérité n’est pas forcément un gage de bien-être.
Dieu merci le bonheur a bien d’autres arguments…
Ainsi, certains, jusqu’ici épargnés par les ennuis de santé, et par ailleurs curieusement absents ou injoignables dans ces périodes de grandes inquiétudes, se sont étonnés de ma façon de gouverner les miens ou ceux de mon mari gravement dépressif, d’autres, accablés par une vie d’ennui s’offusquèrent que je réussisse à m’en remettre en gardant le sourire…
Ainsi « l’injure suprême » me vint d’une « amie » douillettement installée dans une vie de routines et de certitudes, pour qui l’argent n’était « pas un problème » … Me voyant survivre trop facilement à son goût à des années de galère, elle affirmât haut et fort devant d’autres tristes célibataires combien j’avais tort de croire envers et contre tout à un possible renouveau. La sagesse aurait voulu qu’à mon statut de veuve j’ajoute davantage de crêpe noir et que je décline toutes les occasions de me porter mieux… Remise depuis peu d’une rupture sentimentale, elle trouvât invraisemblable que je puisse oser si vite y croire encore, d’autant que toute issue lui semblait à elle, très improbable !… « Tu n’es qu’un cœur d’artichaut » me lançât-elle, comme si l’insulte devait m’être fatale !… Les femmes ne sont pas les plus indulgentes pour leurs semblables… Les vieux clichés perdurent… Tenter, oui, mais ne pas se tromper, car cela voudrait dire renoncer ou oser encore, or trop d’audace devient suspect ou indécent ! Comme si l’on pouvait savoir à l’avance où nous mènent nos rêves et nos espoirs ?!… Celles qui réussissent d’emblée sont exemplaires, celles qui trébuchent et tentent à nouveau leur chance sont instables, voir peu recommandables !
Blessée, sur l’instant, oui, je le fus, car je n’imaginais pas avoir un comportement volage ou inconstant, il me semblait juste être en quête d’un nouvel équilibre, d’un possible partage… Je me sentais heureuse, oui, curieusement heureuse d’être saine et sauve après qu’un ouragan ait dévasté ma vie… Les chagrins fragilisent puis rendent plus fort, mais pour leurs survivre et en tirer profit, il ne faut pas craindre d’ affronter les doutes et les remises en question… Les difficultés d’une existence nous rendent peureux ou téméraires, mais elles nous procurent en tous cas une nouvelle force : celle de savoir prendre suffisamment de distance par rapport aux évènements et aux « autres », surtout ceux qui se disent « pleins de bonnes intentions » pour « notre bien »…
Je fis le triste constat qu’en règle générale, on vous préfère lente à reprendre votre souffle, voir à ne pas le reprendre du tout ! Qu’ en toutes choses pour plaire il vaut mieux respecter certains codes sociétaux solidement établis. Le féminisme est bien contradictoire parfois, prônant l’indépendance de la femme jusqu’à lui reprocher de se trouver mieux accompagnée !
Je pris donc le parti d’en rire, d’essorer mes chagrins et d’en recueillir le soulagement d’aller bien, je fis la sourde oreille aux conseils bienveillants, mais je reste à jamais attentive à mon cœur, attentive à ceux qui m’aiment vraiment, et c’est avec eux que je partage tous ces jolis moments rescapés de mes deuils…