Pauvre Valentin ! Votre martyr n’a pas de fin, puisqu’aujourd’hui il n’aura servi à rien…

Depuis des générations on a fait de vous une caricature de l’Amour…

Pas une vitrine qui ne s’affuble de cœurs enrubannés et ridicules, pas un journal qui ne célèbre le couple ou ce qu’il est sensé être…

Opprobre sur ceux qui se risquent à ignorer l’invite ! C’est être incapable d’aimer que de ne pas vous célébrer… Et quand l’intelligence, pourtant, voudrait y mettre un peu de nuance,  la désapprobation générale qui devrait plutôt vous rassurer, vous amène, pour peu que vous soyez fragilisé, à parfois douter…

Il n’est de restaurant qui ne propose un dîner aux chandelles, point de fleuriste qui n’ai multiplié ses bouquets impersonnels, ou de chocolatiers qui n’ai rempli ses ballotins  de coeurs à croquer… Haro sur ceux qui osent prétendre célébrer leur amour en toute intimité, leur absence ce jour là sur la place signera assurément la tiédeur de leurs sentiments…

Valentin, votre rang devrait pourtant vous autoriser quelques aménagements ?…

Dites  à tous ces Roméo d’un soir, que leur Juliette espère bien davantage qu’une rose de février…

Dites leur que l’Amour, le vrai, n’est jamais le fait d’un bel esprit… Que même  vulnérable ou menacé, il se nourrit de bien autre chose que d’une fête éphémère…

L’Amour est si précieux qu’à l’exposer ainsi sans pudeur on risque de le voir perdre de sa valeur. Les sentiments sincères rares et convoités ne préservent jamais si bien leur authenticité que dans la discrétion et le secret…

Dites leur que s’aimer, c’est le savoir sans avoir besoin de se le déclarer sur le calendrier, s’aimer, ça s’écrit comme une patience ou une indulgence. C’est une évidence qui n’a pas à être justifiée, une tendresse vaut bien davantage qu’un déballage…

Saint-Valentin, dites leur enfin, combien un mot doux fait du bien quand il n’est pas programmé, qu’au soir de ces festivités, et chaque jour que Dieu fait, loin des lumières et de cette date imposée, c’est au creux d’un tendre sourire, d’une douce intention, d’une connivence ou d’un fidèle attachement, que l’Amour, le vrai, saura se nommer…

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